C'est alors qu'Aloe arriva. Tout aurait pu être presque parfait si la jeune louve n'avait pointé le bout de son nez. Myosotis ne put s'empêcher de redresser la tête, prête à en découdre, car il était sur qu'Aloe allait tenter de l'humilier, comme elle l'avait toujours fait. Myosotis ne dit mot. Elle jugeait qu'Aloe ne pouvait être sa sœur, et il n'existait entre elles aucunes politesse, même si le sang les unissait. Après avoir salué respectueusement leur père, Aloe déclara d'un ton moralisateur que Myosotis détestait :

-Comment ose tu, toi qui respectais maman autant que nous. Comment ose tu ne pas respecter ses dernières volontés ? Je te plains Myo d'en être venue à cela, tu a toujours voulu être Alpha, c'était notre compétition, mais tu sais quoi ? Aujourd'hui, cette place je te la laisse avec grand plaisir, j'espère juste que tu sera aussi authentique que ne l'était notre mère. Mais n'agresse pas notre père ainsi je ne le tolérais pas ! Respecte au moins celui qui t'a donné la vie, qui t'a aimé et pardonné tes erreurs. Je n'ai plus rien à faire ici, Myo, je vais m'en aller et j'emmène Imalys avec moi, ton orgueil serait notre perte et je refuse ça. Pense à prendre soin de toi Myo, j'espère que Reiko veillera sur toi, malgré nos différents, je vous aime et ne cesserait jamais de vous aimer...

Après quoi, elle chuchota quelques chose à Whitefang, et une larme roula sur sa joue. Puis elle tourna les talons, et commença à s'en aller. Parce qu'elle croyait pouvoir arriver, dire ce qu'elle voulait, et repartir comme si de rien n'était ? Certainement pas. Pourtant, cette fois, Myosotis ne lui ferait pas le plaisir de s'énerver comme une louvette. Chose qu'Aloe croyait qu'elle faisait toujours, alors que cela faisait longtemps que Myosotis avait dépassé ce stade avec sa sœur. Autrefois, Myosotis s'évertuait à crier contre Aloe, qui restait impassible, et qui faisait galoper sa soeur cadette. Désormais, entre elles, c'était une lutte verbale, bien plus qu'une lutte physique, ou chacune tentait de déstabiliser l'autre. C'est donc d'une voix forte et puissante, mais calme, que Myosotis parla.

« Je n'ai pas besoin de ta Pitié, Aloe. Et ne me parles pas des dernières volonté de Maman quand tu as fuis lâchement avec Imalys. Où étiez-vous quand Papa a ramené son corp ? Et où est Imalys ? Est-ce ainsi que tu pense être noble ? Et tu me parles d'orgueil ? Alors que tu renies les liens qui t'unisse à ta famille ? Alors que tu juges pouvoir protéger Imalys, qui est un mâle, et qui n'a que quelques minutes de moins que Toi ? J'ai toujours respecté Maman plus que tu ne l'a jamais fait de son vivant !»

Sa voix se fit plus dure, plus douloureuse, quand elle continua :

« Je n'ai eu d'autre choix que d'être en compétition avec Toi. Parce que dès les premiers jours tu m'as humilié devant toutes les Meutes. Parce que je n'ai pas eu la chance, Moi, de naître la première. Parce que, dès le premier rassemblement, tu a fais ton choix sans me demander mon avis, Aloe. Voila pourquoi j'en suis là. Voila pourquoi j'en suis venue à ça, comme tu dis. J'ai décidé d'écrire mon propre Destin, parce que sans ça, je resterai l'éternelle petite soeur d'Aloe, la deuxième, la cadette, qui suit sans rien dire. Mais je n'ai pas envie de te suivre, Aloe. Ni aujourd'hui, ni demain. Tu n'es pas loyale à la Meute. Tu ne l'as jamais été. »

Une larme roula sur ses joues, et elle ferma les yeux et baissa la tête un instant. Jamais elle n'aurait cru révéler ses plus profondes douleurs au grand jour. Jamais elle n'aurait penser révéler ce qu'elle pensait petite ; sa jalousie pour Aloe. Son envie de lui ressembler. Jamais. Redressant la tête, le regard dur, et une immense douleur dans les yeux, elle déclara d'un ton sans appel :

« Nous verrons bien pour qui l'orgueil sera une perte. Et sache je m'appelle Myosotis, et non pas Myo. Et maintenant, Aloe, écoute-moi bien. En tant que Future Alpha des Shadows, je t'ordonne de partir, et de ne plus revenir ici. Va t-en, tu es bannies, et ce jusqu'à ce que l'une de nous deux Meurt. Adieu Aloe. »