Le soleil était à son zénith et la Claririère Dorée était bercée de lumière. La vision de cette plaine d'or vous réchauffait le cœur et il était dur de se dire qu'il ne s'agissait pas d'un rêve.
Perchée sur la plus haute de branche d'un bouleau, Nartya était aux aguets. Sous sa forme de faucon, elle guettait, attendant le moindre petit mouvement. Le soleil aurait normalement du l'empêcher de repérer des proies, mais par chance pour elle, les rapaces étaient adaptés à ce type de situation et leurs yeux s'étaient habitués à ne pas être éblouis. Son pouvoir l'aidait une fois de plus...

La jeune Chasseuse sursauta et faillit tomber de son perchoir en entendant un bruissement de feuilles : en effet, un lièvre venait de sortir des fourrés. Et pas n'importe quel lièvre... Nartya n'avait jamais vu un tel morceau ! Une bête énorme ! Les lièvres étaient d'habitude maigrichons et n'avaient plus que les os sous la peau, si on soustrayait leurs muscles. Celui qui se tenait au milieu de la clairière était dodu et grassouillet. On aurait pu le prendre pour un marcassin, avec sa taille.
Si elle avait été sous sa forme de louve à cet instant, Nartya aurait eu les babines dégoulinant de bave. Un morceau de chef ! Il fallait absolument qu'elle l'attrape ! Elle s'imaginait déjà la tête que feraient ses camarades lorsqu'elle rentrerait au camp des Spirit of Wind. Mais il lui fallait déjà un plan...

Très vite, elle sut ce qu'elle ferait. Toujours sous sa forme de crécerelle, elle volerait autour de lui avant de lui foncer dessus en piqué. Mais ses petites serres, bien que puissantes, n'arriveraient jamais à bout d'une telle proie. Alors lorsqu'elle serait assez près de celle-ci, à un mètre au-dessus d'elle, elle reprendrait sa forme de louve et pourrait lui enfoncer ses crocs dans la nuque avant qu'il n'ait eu le temps de savoir ce qu'il se passait.

Nartya attendit donc quelques secondes avant de se lancer. Trois... Deux... ET UN ! Elle décolla d'un coup d'aile vif et élégant et se mit à tournoyer dans le ciel. Lorsque le vent se mit à caresser avec douceur ses plumes, elle faillit oublier son objectif, une sensation de bonheur profond la prenant. Mais elle se concentra à nouveau sur sa proie. La crécerelle s'arrêta et se mit à voler sur place lorsqu'elle se fut placée bien au-dessus de sa proie, à une dizaine de mètres du sol.
Elle inspira un grand coup et plongea. Le vent sifflait et lui balayait la face. Elle y était presque... Elle allait l'avoir... Lorsqu'elle fut assez proche, elle reprit soudainement sa forme de louve et atterrit sur le lièvre... Enfin, elle aurait du lui atterrir dessus...

Mais l'animal, au dernier moment, avait compris qu'on lui en voulait et s'était mis à détaler. Furieuse de son échec, Nartya hurla, enragée, et se mit aux trousses du lièvre. Certes il était gras, mais était rapide. Du jamais vu... La rouquine avait du mal à tenir le rythme, elle qui était pourtant endurante et championne en vitesse. Elle se désespéra et pendant un instant, envisagea d'abandonner. Mais la vision de la meute en admiration face à son butin lui redonna du courage, et plus déterminée que jamais, elle accéléra, prête à attraper la bête dodue coûte que coûte.
Cela faisait quelques minutes que la jeune Wind coursait le pauvre lièvre, et ils avaient quitté la Clairière Dorée pour se risquer dans la forêt. Ils zigzaguaient à travers les arbres. La louve avait les pattes meurtries mais ne s'arrêtait pas. Sa proie aussi semblait commencer à s'épuiser, et cela redonna espoir à Nartya.

Bientôt, la rouquine ne fut plus qu'à une longueur de patte de l'animal, qui luttait toujours, mais qui n'avait plus aucune chance de s'en sortir.

« Je te tiens ! Et.. AAAAAAH ! »

Elle s'était jetée sur l'animal, mais au moment où elle allait enfin l'avoir, le lièvre s'était jeté dans un gigantesque précipice. La jeune louve se rattrapa de justesse à la roche et geignit. Elle tentait de remonter en prenant appui sur la paroi avec ses pattes arrières, mais elle n'y arrivait pas. Finalement, en réunissant tout ses efforts, elle parvint à se hisser, et une fois sur la terre ferme, elle s'écroula au sol, morte de fatigue.
Nartya risqua un coup d'œil dans le ravin et recula, les oreilles baissées. On n'en voyait pas le fond. Le lièvre avait sûrement du se fracasser la nuque, s'il avait atteint le fond.

Déçue d'avoir perdue un tel morceau, la rouquine s'assit et soupira. Avec lui, elle aurait pu s'attirer le respect de toute la meute, peu de loups pouvaient chasser de si grosses pièces...
Mais très vite, un autre problème lui vint à l'esprit. Jamais elle n'était venue ici. Inquiète, elle leva la tête pour humer l'air. Spirit of Fire. Elle reconnaissait leur odeur. Trop occupée à chasser, elle avait du traverser la frontière. Morte de peur, elle regarda autour d'elle, afin de s'assurer que personne ne se trouvait aux alentours.
Nartya, croyant être seule, repartit donc sur ses traces.

Le solei réchauffait déjà ma fourrure sombre. J'entrouvris rapidement les yeux mais les refermai immédiatement pour ne pas être ébloui. Au dehors, les cris des louveteaux et les voix des adultes retentissaient. Mais quelle heure était-il ? Je me levais difficilement et m'étirais de tout mon long. Je m'ébrouai également avant de sortir. La clairière était déjà en effervescence et tout le monde actif. Je tournais la tête : Plus personne dans la tanière. Je me dépêchais de me fondre dans la masse, car je devais bien être le dernier du camp. Jetant un coup d'oeil au tas de gibier presque vide, je décidai d'aller chasser seul. Le soleil était presque à son zénith alors que je marchai dans la forêt. Les oiseaux gazouillaient, le ciel était bleu et la brise s'engouffrait dans les feuilles des grands conifères de la foret. Une fois bien au centre des bois, je levai la truffe et humai l'air. 

Mais alors que je repérai une souris non loin de la, un cri retentit. J'en cherchai la source et reconnu l'odeur des Winds. Je n'étais pas loin de la frontière. Je priai pour que ce ne soit pas cette jeune louve blanche trop excitée. Pistant la trace, je me dissimulai derrière un buisson : Une rouquine, les oreilles plaquées contre son crâne reculait devant le précipice béant devant elle. Mais ! Elle était sur notre territoire ! La frontière était plus loin ! Je fis un pas en avant de me raviser. Restant caché, je la suivai du regard tandis qu'elle semblait retourner sur ses pas. Elle s'était peut-être rendu compte de son erreur mais je ne lui laissai pas le temps de retourner sur ses terres, j'attendis qu'elle passe près de moi pour bondir devant elle en montrant les crocs, babines retroussées. Tout en grognant je lui demandai d'une voix rauque :

« Qu'est ce que tu fais ici ? Tu n'as à pas le droit, ce sont nos terres ! » 

« Qu'est ce que tu fais ici ? Tu n'as à pas le droit, ce sont nos terres ! »

Nartya tremblait comme elle n'avait jamais tremblé. Devant elle venait de surgir un grand loup noir. Il sentait le Fire à pleine truffe. Car il était des leurs.
Paniquée, la rouquine recula, les oreilles retroussées en oreille, la queue entre les pattes. Elle n'était pas du genre à dominer, et était souvent la dominée. Surtout en territoire ennemie. Elle n'allait surtout pas se permettre de faire ses grands airs devant un loup qui lui était inconnu et avait l'air menaçant.

Pendant un instant, elle essaya de se changer en faucon, pour lui échapper, mais paniquée, elle ne réussit à se concentrer et seule une plume se forma, tombant au sol mollement. Nartya aurait pu tenter de s'enfuir à toutes pattes, mais elle ne craignait que l'autre soit plus rapide. Et peut être n'était-il pas seul. Dans ce cas-là les autres la prendraient également en chasse...

« J-je... Désolée je ne voulais pas... J-je n'ai p-pas fait attention à la frontière, je vous le jure... J'allais justement repartir... » gémit-elle, l'air pitoyable.

Même un louveteau aurait fait meilleure impression que la rouquine à cet instant. Elle baissa la tête devant Fallen, pour montrer sa soumission.

La louve brune devant moi tremblait telle une feuille exposée à une tempête. Ses pattes ne semblaient plus soutenir son corps et ne lui permettraient surement pas de s'enfuir en courant. J'étais donc rassuré sur ce point. La tête baissée, je la vis se crisper, et, à ma grande surprise, une plume surgit de son pelage pour s'envoler dans les airs et se poser légèrement sur le sol. Hochant la tête, j'écarquillai les yeux. Que venait-elle de faire ? Encore un pouvoir inconnu des Winds. Décidément. Elle finit par gémir d'une petite voix, tel un louveteau loin de sa mère :

« J-Je... Désolée je ne voulais pas... J-Je n'ai p-pas fait attention à la frontière, je vous le jure... J'allais justement repartir... » 

Pitoyable. Les loups de cette meute n'avait donc aucune dignité ? Elle baissa la tête encore plus bas jusqu'à ce que son museau frôle presque le sol. Sa soumission était plus qu'évidente, mais je dus tout de même me contenir pour ne pas lui sauter dessus et lui arracher les oreilles. Dans ces moments, une colère et une fureur telle m'emplissait que j pouvais tuer sans pitié. Mais je décidais de rester calme. Je dis d'une voix tout de même menaçante :

« Bien. Si je te revois sur notre territoire, je te fais la peau ! Viens, je te raccompagne jusqu'à la frontière pour être sur que tu ne viennes plus ici. »

D'un feulement rauque, je la poussais en direction de son camp.

« Bien. Si je te revois sur notre territoire, je te fais la peau ! Viens, je te raccompagne jusqu'à la frontière pour être sur que tu ne viennes plus ici. »

Il se mit à la pousser de là où elle venait après avoir poussé quelques grognements. Nartya en réprima elle aussi un et se tourna vers Fallen, le regard froid, chose qui était rare chez elle.

« Je sais marcher, pas la peine de me faire avancer, merci. »

Elle se retourna pour se retrouver face à lui, le dos hérissé. Elle montrait les crocs et bien malgré la peur qu'elle ressentait face à ce Fire à l'allure agressive, elle n'allait pas non plus se laisser faire comme un petit louveteau innocent. Certes, elle n'avait rien à faire ici et ce mâle se devait de la chasser, mais à ce point-là...
La rouquine aurait aimé se retourner et s'en aller vers le territoire des Wind la tête haute, avec dignité, mais elle était sûre qu'il se jetterait sur elle dès qu'elle lui tournerait le dos. Elle se contenta donc de lâcher un petit grognement.

« Je peux rentrer seule, je ne vois pas ce qui me pousserait à rester ici. Après si tu y tiens vraiment... »

Tandis que je la poussais violemment du museau, je sentis un à un ses poils se hérisser. Dès qu'elle fit volte-face, l'air menaçant, à son tour mon pelage doubla de volume. Tout en me montrant les crocs, elle dit d'une voix sèche :

« Je sais marcher, pas la peine de me faire avancer, merci. » 

Les oreilles rabattues, je lui lancai un regard noir tandis qu'elle grognait. Je du me retenir de ne pas lui sauter à la gorge. L'odeur de la peur rodait autour d'elle, mais je voyais bien qu'elle préfèrerait se battre plutôt que de fuir. J'aurai volontiers attaquer le premier, mais j'ignorai l'étendu de son pouvoir...

« Je peux rentrer seule, je ne vois pas ce qui me pousserait à rester ici. Après si tu y tiens vraiment... »

D'un feulement rauque, je ripostais :

« Je ne fais aucunement confiance. Allez bouge. »

Montrant les crocs, j'espérai bien lui faire comprendre que si elle ne s'exécutait pas rapidement, je la tuerai en en deux coups de pattes.

PS : Désolée du retard >.<

« Je ne fais aucunement confiance. Allez bouge. »

Nartya se retenait vraiment de sauter à la gorge de cet horrible loup belliqueux. Si elle ne l'avait toujours pas fait c'était bien car elle était sur son territoire à lui, et elle ne voulait pas passer pour une guerrière venue gagner quelques terrains chez l'ennemi pour sa meute.
L'autre lui montrait les crocs et semblait prêt à lui arracher la gorge. Oh du calme, pensa Nartya, c'est bon décoince-toi !

Au final, elle préféra se tourner face à lui. La rousse sentait que le loup noir était capable de la prendre par derrière en surprise pour lui déchirer la nuque.

« Je préférerais que tu passes devant. Moi non plus je n'ai aucune confiance en toi ! »

Je l'entendis soupirer, comme pour tenter de se calmer. Lorsqu'elle finit par se tourner face à moi, et à plonger ses yeux dans les miens, l'arrogance était venue se mêler à la peur. Soutenant son regard, l'envie de hurler pour déclencher mon pouvoir me vint à l'esprit, mais je retins. Elle dit d'un ton sec.

« Je préférerais que tu passes devant. Moi non plus je n'ai aucune confiance en toi ! » 

Je soupirai à mon tour. A ce train là, on n'avancerai jamais. Nous étions seulement à quelques mètres du ravin d'où je l'avais surprise, alors que cela faisait plusieurs minutes que nous nous chamaillions de la sorte. Prenant sur moi, je postais à ses côtés, à contre-coeur.

« Ok, on va faire simple, on va marcher cote à cote, ça te va ? »

Sans attendre sa réponse, je me mis en marche, ne lui jetant pas même un regard. Nous n'étions pas très loin de la frontière, mais je sentais que le voyage serait long...

PS : Tu veux qu'il se passe quelque chose, t'as une idée ?

[ C'vrai que ça se répète, un petit imprévu peut être ? C: ]

« Ok, on va faire simple, on va marcher côte à côte, ça te va ? »

Nartya poussa un soupir et se mit à suivre le mâle en traînant des pattes. Pfff, elle en avait vraiment marre. L'autre devait vraiment croire qu'il était supérieur à elle. Elle en avait vraiment marre d'être la dominée, elle voulait être la dominante. Elle avait rarement l'occasion de croiser l'ennemi, il fallait l'impressionner. Si elle s'envolait et partait à la vitesse de l'éclair, ça pourrait peut être étonner le Fire.
Oui, elle allait faire ça. Et même, ses pattes avaient du mal à la tenir debout, elle avait usé de toutes ses forces pour ressortir du ravin. Voler c'était bien moins fatiguant que de marcher, si on oubliait le décollage assez difficile.

Et sans réfléchir, elle passa aussitôt sous sa forme de faucon, en moins d'un demi-seconde, et partit comme une fusée. Nartya imaginait bien la tête que devait faire l'autre. Elle voulait vraiment lire l'étonnement sur sa face, et le revoir une dernière fois pour bien retenir sa tête lors de futures batailles à venir. Elle serait sure que ce serait bien sur lui qu'elle se défoulerait. Elle tourna la tête pour le regarder et ne vit pas l'arbre vers lequel elle fonçait.

PAM ! Elle s'écroula au sol en reprenant sa forme de louve, à moitié assommée, en observant les petites étoiles qui volaient autour d'elle.

« Huhu ! »

Je l'entendis soupirer une dernière fois. Trainant les pattes, elle me suivait d'un pas lent et réticent. J'avais l'impression d'escorter un louveteau ayant étant pris en train de faire une grosse bêtise et le ramenant gentiment à la maison. Désespérant. Tandis que je tournais la tête pour observer la nature qui se modifiait peu à peu à l'approche du territoire des Wind, un soufflement me parvint. Reprenant mes esprits, je stoppais net : La louve avait disparue. Un battements d'ailes me fit lever les yeux. Un faucon crécerelle s'envolait haut dans le ciel. Il tourna son bec et nos regards se croisèrent. Le même regard satirique que lorsqu'elle était louve. Mais alors qu'elle planait pour me regarder, elle heurta violemment un arbre et s'écroula sur le sol, se retransformant en louve. Je ne pus m'empêcher de rire.

Je m'approchais, restant à quelques mètres de là. Elle était sur son territoire à présent, et je ne comptais pas faire la même erreur qu'elle, mais je voulais tout de même la faire payer de son acte qu'elle venait de me faire. Prenant un grande inspiration, je levais le museau et poussais un hurlement qui fit s'échapper un lapin d'un buisson d'aubépines. Un frisson me parcourut l'échine et mes poils se dressèrent un à un lorsque je plongeais mon regard ambré dans celui de la louve. Ca commençait. Un décharge de chaleur lui convulsa le corps, et elle se mit à se recroqueviller tandis qu'elle brulait... de l'intérieur.

« Alors, tu rigoles toujours ? »