Myosotis revenait d'une patrouille le long du territoire. Elle n'était pas gardienne, pas Alpha non plus - du moins pas encore - mais elle ne jugeait dépendre de personne, et faisait ce que bon lui semblait. De toute manière, avec sa carrure massive, et son air plutôt dissuasif, personne ne lui disait jamais rien. Et au fond, elle ne faisait rien de mal. Elle n'avait rien trouvé, mais ne s'en réjouissait pas. Au contraire, elle aimait chasser les loups, leur faire payer leur tort. Peut-être qu'au fond, ils avaient compris qu'ils n'étaient pas les bienvenus chez les Shadows ? Pourtant, elle, aimait bien se rendre sur les Territoires des autres Meutes, rien que pour les provoquer. Parce qu'elle aimait cela.

Elle se dirigeait vers le centre du Camps, ses muscles massifs faisant onduler sa fourrure immaculée. En général, elle n'avait pas de mal à se faire respecter, mais elle sentait qu'elle n'était pas forcément la bienvenue dans la Meute. Non pas que les autres ne l'aiment pas, non, ce 'nétait pas vraiment ça, c'était plus...ils évitaient d'avoir affaire à elle. Ce n'était pas tout à fait ce qu'elle voulait, mais au fond, elle s'en fichait. Une fois qu'elle serait Alpha, ils auraient le choix entre lui être fidèles et dévoués, ou partir.

Soudain, les loups se figèrent. Portant son regard sur l'entrée du camps, Myosotis se figea. Son père revenait, plus abattu que jamais. Et sur son dos, il y avait une masse blanche tâchée de sang, inerte. La jeune louve ne mit pas longtemps à comprendre qui était cette masse. Elle aurait reconnu sa mère entre mille. Pourtant, elle ne laissa rien paraître. Elle resta impassible. Figée derrière un masque. Whitefang parla d'abord. Les mots défilaient, vide de sens, dans la tête de Myosotis. Sharka, bien sur. Qui d'autre ? Ne pas lui en vouloir ? Ne pas en vouloir aux Fires ? Comment pouvait-il demander cela ? Ils avaient tué sa compagne !

Myosotis ne comprenait pas. Elle ne cherchait pas à comprendre. A ses yeux, bien qu'elle admirât son père, il mentait. Alaska ne pouvait avoir dit ça. La haine qu'elle avait toujours nourrit envers Sharka ne pouvait avoir disparut. Alors, elle n'essaya même pas de se faire une raison, ni de craindre la punition de son père. Dans sa tête, tout était déjà ancré. Elle haïrait les Fires jusqu'à la fin de sa vie, elle aussi, pour avoir tué sa mère. Certes, la louve n'avait jamais été très affective avec sa mère, mais elle ne pouvait accepter cela sans rien dire.

D'autres loups parlèrent. Dont Kenoa. La plus chère amie d'enfance de sa mère. Ses dernières paroles frappèrent Myosotis de plein fouet.

- La vie doit continuer. Peut-être qu'aujourd'hui je pleure, peut être que mon cœur est brisé par la tristesse. Mais demain je sourirai à nouveau. Les contes d'hier grandiront mais ne mourrons jamais. Je dois trouver la volonté de continuer, et vous aussi. Parce que la vie continuera, avec ou sans vous.

Elle s'avança alors. Son regard dur comme de l'acier, plus dur que jamais - et seul signe de la peine immense qui la submergeait - elle observa le corps inerte de sa mère, et la blessure béante de son cou. Elle dévisagea chaque loup de son regard améthyste. Elle n'était pas là pour s'imposer, mais tout changerait bientôt, et elle ne laisserait pas passer son destin. Plongeant son regard dans celui de Kenoa, elle commença, la voix dure :

- Tu ne souriras pas de nouveau, demain. Ni les jours suivants. Parce que tu viens de perdre ton Alpha. Ton amie d'enfance. Celle que tu as abandonnée il y a bien longtemps, et qui pourtant t'a pardonnée.

Sa voix était cassante, tant la douleur et la haine qui submergeait son cœur la rendait dur, tant elle s'isolait intérieurement, pour ne pas se laisser dévorer par les regrets, les remords et les peines. Les souvenirs revinrent, des journées passées en famille, au bord de l'eau, à jouer, les moments tendres. Plus rien de tout cela n'existait désormais.

- Personne ne souriras, parce que nous avons perdu notre Alpha, à cause des Fires. Vous savez comme moi que ma mère à sauvé et épargné bien des vies pendant la Guerre. Et que reçoit-elle en échange ? La Mort. Sharka l'a tué délibérément, et je ne tolèrerais pas ça !

Et laissa un moment de silence. Sa voix trahissait légèrement son état d'esprit, et la colère s'emparait d'elle. Son ton monta encore, et ce fut presque en criant, qu'elle se tourna vers les uns et les autres :

- Faites ce que vous voulez, pleurez, fuyez, ou oubliez, mais je n'oublierais pas ! Comment se réjouir quand celle qui vous a tous donné est morte par la faute d'un autre, pour qui elle a concédé à des sacrifices ? Jamais, jamais je ne pardonnerais aux Fires, et à Sharka, leur crime ! je ne suis pas de celle qui pardonne. Je ne suis pas de celles qui craignent la mort non plus, mais Sjarka payera. Tôt ou tard. Que vous me suiviez ou alliez contre moi m'importe peu.

Désormais, elle était en transe. Ses crocs étaient découverts, et elle était plus impressionnante que jamais. Elle se sentait capable de détruire le monde sur le champs. De tout mettre à sac.

- La vie continuera avec ou sans nous, mais nous ne pouvons laisser passer une telle chose. Ne me dites pas que je ne comprends pas, car plus que quiconque ici, je souffre. J'ai mal, parce qu'Alaska était ma mère, comme elle était la compagne de votre Alpha, et comme elle était votre Alpha !

Posant de nouveau son regard sur la louve noire, elle ajouta d'un ton plus calme, mais plus glacial et sourd de menaces que jamais :

- Alors non, je ne sourirais pas demain. Ni le jour d’après. J'ai perdu ma mère, Kenoa, alors ne me demande pas de sourire.

[Désolé Sha', c'était plus fort que moi ]

Il ne préférait pas trop penser à ce qu’il l’avait amené ici. Au pourquoi il se tenait aux bords du camp de la meute des Shadows, la meute de loups qu’il préférait de toutes les autres des terres du Kô. Les Winds ? Des êtres naïfs et faibles. Les Fires ? Tout aussi inintéressant et insignifiants. Seuls les Shadows semblaient relever le niveau.

Pour autant… Est-ce que lui, Zarys, le louveteau solitaire, le survivant, le battant de la vie, était prêt à abandonner son indépendance pour rejoindre ces loups ? S’il se le demandait encore, plus perplexe et indécis que jamais, le loup n’en restait pas moins prudent. A demi camouflé dans les buissons qui bordaient le camp, il se remémorait la discussion qu’il avait eue avec Myosotis, la louve blanche des Shadows qu’il avait rencontrés quelques jours plus tôt. S’il avait été impressionné par la teinte des iris de la jeune femelle, tout aussi inhabituelles et uniques que lui, c’était sa présence, et sa force de caractère qui l’avait submergé.

Enfin.
Enfin une louve qui était plus ou moins sur sa longueur d’onde, une battante qui en voulait à la vie autant que lui en voulait à sa mère. Il avait soif de vengeance, elle avait soif de pouvoir. Il avait les moyens d’arriver à ce qu’il voulait, et pouvait ne pas le faire seul. En échange de son aide pour aider Myosotis à parvenir à ses fins.

Ce n’était pas une de ces louves torturées, ou superficielles. Ni ce genre de naïves qui ne pensent qu’à leur pelage et aux jeunes mâles de la meute. C’était une leader, et c’était le type de loup que Zarys aimait bien. Pas si asocial, tout compte fait. Mais des battants comme eux, il y en avait si peu…

S’arrêtant à la hauteur de l’attroupement, Zarys jeta un œil sur le corps inanimé d’une grande louve blanche, qu’il reconnu tout de suite. Alaska. Son modèle, sa légende qui, petit, l’avait aidé à tenir le coup face à la mort. C’était elle qui avait succombé à la vie, finalement. Et Zarys n’avait pas même eut l’occasion de la rencontrer de son vivant. Un sentiment de tristesse et de regret l’envahit, si bien que, dans la masse de loups venu honorer l’ancienne alpha de la meute, il sen fondait parfaitement, invisible. Il savait devenir transparent, effacé, dans la foule, quand il le fallait. Pour une fois, la proximité des autres ne le mis pas mal à l’aise. Il se sentait presque réconforté.

Pour cette louve, qu’il connaissait à peine, que de nom, de légende et d’espoir. Il la rencontrait enfin. Morte. Quelle ironie…

- … La vie doit continuer. Peut-être qu'aujourd'hui je pleure, peut être que mon cœur est brisé par la tristesse. Mais demain je sourirai à nouveau. Les contes d'hier grandiront mais ne mourrons jamais. Je dois trouver la volonté de continuer, et vous aussi. Parce que la vie continuera, avec ou sans vous.

Zarys releva la tête soudainement en colère. Quoi ? Alaska, une légende comme elle, oubliée du jour au lendemain ? Même lui, qui ne la connaissait que très peu, ne pouvait concevoir un deuil d’une journée. Il lui faudra des lunes avant de se rendre compte que son modèle est mort. Zarys regarda la louve qui venait de parler. Une louve noire, standard. Mais le jeune loup imprima dans sa mémoire son physique sombre, avant de la classer dans les loups qu’il n’aimera probablement jamais. Il s’en souviendra.
- Tu ne souriras pas de nouveau, demain. Ni les jours suivants. Parce que tu viens de perdre ton Alpha. Ton amie d'enfance. Celle que tu as abandonnée il y a bien longtemps, et qui pourtant t'a pardonnée. Personne ne souriras, parce que nous avons perdu notre Alpha, à cause des Fires. Vous savez comme moi que ma mère à sauvé et épargné bien des vies pendant la Guerre. Et que reçoit-elle en échange ? La Mort. Sharka l'a tué délibérément, et je ne tolèrerais pas ça !

Un autre loup s’était également insurgé devant les paroles odieuses de cette louve. Zarys reconnu tout de suite, au ton cassant et dur, mais transpirant de franchise et suintant la colère, qu’il s’agissait de cette fameuse louve qui l’avait fait venir ici. Il leva la tête vers Myosotis, plus en fureur que jamais. Elle était la fille d’Alaska, quoi de plus normal ?

Il plaignait un instant la famille de la louve morte. C’était bien la première fois qu’il avait de la pitié, non, de l’empathie envers une tierse personne. Mais Alaska… C’était un cas unique.

Sa fille continua, tout aussi mordante et agressive.
- Faites ce que vous voulez, pleurez, fuyez, ou oubliez, mais je n'oublierais pas ! Comment se réjouir quand celle qui vous a tous donné est morte par la faute d'un autre, pour qui elle a concédé à des sacrifices ? Jamais, jamais je ne pardonnerais aux Fires, et à Sharka, leur crime ! je ne suis pas de celle qui pardonne. Je ne suis pas de celles qui craignent la mort non plus, mais Sharka payera. Tôt ou tard. Que vous me suiviez ou alliez contre moi m'importe peu.  La vie continuera avec ou sans nous, mais nous ne pouvons laisser passer une telle chose. Ne me dites pas que je ne comprends pas, car plus que quiconque ici, je souffre. J'ai mal, parce qu'Alaska était ma mère, comme elle était la compagne de votre Alpha, et comme elle était votre Alpha !

Ainsi, c’était donc vrai… Sharka avait réellement tué Alaska… Rien que pour cela, Zarys classa les Fire comme étant encore pires et pitoyables que les Wind, et c’est dire. Il rapporterait la tête de cette fameuse Sharka sur un plateau au camp, quand il en aura l’occasion. Cette louve devait payer pour ce qu’elle a fait. C’était, pour Zarys, la louve n°1 à abattre. Pire que Jenny. Décidément, les Fire… De bien piètres animaux sans valeur.
- Alors non, je ne sourirais pas demain. Ni le jour d’après. J'ai perdu ma mère, Kenoa, alors ne me demande pas de sourire.

La voix de Mysosotis était froide et glaçante. Du grandiose. Zarys se délecta de ces paroles, si vraies et si évidentes pour lui. Puis, un détail lui sauta à la truffe. La louve noire s’appelait Kenoa. Il s’en souviendra aussi, de celle-là.
-Je suis d’accord avec Myosotis, Sharka nous en a assez fait baver! Elle a trainé l’honneur des Shadow dans la boue, tuer Kilio et maintenant elle tue de sang froid Alaska, notre mère et Alpha. Comment peut-on laissé c’est action impuni? C’est un meurtre, le sang appelle le sang!

Un jeune loup de  l’âge de Myosotis se rangea à côté de cette dernière, aussi forte tête que sa sœur. Zarys su tout de suite de ce loup, à l’instar de Myosotis, en valait la peine. C’était un battant, lui aussi.

reiko parla aussi. Myosotis ne doutait pas d'avoir son soutient. Car au fond, même si ils étaient toujours rivaux, ils s'aimaient. Ils étaient liés par le sang, et par les mêmes idéaux. Un autre loup, qu'elle ne connaissait pas, lui manifesta son soutient. Un de plus. Elle en fut contente. Les Shadows étaient divisés, cela se voyait, et le pouvoir n'en serait que plus simple à prendre.

Pourtant, son père intervînt bientôt. Il asséna un coup de patte sur la tête de Reiko, gifla Myosotis, et renversa Fënrrir.

« J’ai dis aucune vengeance! C’était les dernières volontés d’Alaska et je tuerais personnellement celui qui contredira mes ordres! Cette sentence s’applique aussi à vous deux. Ne vous en croyez pas protégé parce que vous êtes de mon sang.Pendant qu’Alaska agonisait, elle m’a fait promettre que personne ne s’en prendrait aux Fires et à Sharka pour la venger. Alors si vous avez ne serais-ce qu’un minimum de respect pour votre défunt Alpha, alors aucun d’entre vous n’ira provoquer volontairement les Fires et si je l’apprends les conséquences seront irréversible. Maintenant est-ce que j’ai été assez clair!? »

Furieuse, Myosotis s'apprêtait à répliquer. Elle savait que, si elle répondait, elle diviserait la famille pour de bon. C'était le début de tous les changements, et ce serait irréversible. Pourtant, bien qu'elle hésita un instant, son choix était déjà fait. Elle ne laisserait pas quelques mots bafouer ses valeurs. C'est alors que Jewel s'avança. Tout le monde su tut. La protectrice était parmi les loups les plus écoutés.

" Nourrir de la rancœur envers celle qui a tué ta mère est ton choix, et il parait légitime. Cependant pourquoi inclure la meute toute entière ? Oui, les Fires nous ont toujours haïs, considérés comme des monstres. Cependant cette erreur n'appartient qu'à eux. Quand comprendrez vous. Quand réaliserez vous qu'Alaska n'en a toujours voulu qu'à une seule et unique personne, Sharka. Vous souvenez vous de la guerre ? Elle avait affronté Jenny, gardienne des Fires. Pensez vous que si elle l'avait haïs comme vous haïssez les Fires, elle lui aurait laissé la vie sauve ? Non. Et pourtant c'est ce qu'elle a fait. A l'heure qu'il est, cette gardienne est toujours en vie. Je ne suis pas en mesure de vous conseiller de ne pas haïr Sharka. C'est un choix qui n'appartient qu'à vous. Cependant réfléchissez à deux fois avant de vouloir vous en prendre à elle. Demandez vous ce qu'Alaska aurait souhaité. Non pas la Alaska que vous connaissiez, qui haïssait sa demi-sœur, mais celle qui a fait promettre à Whitefang de s'assurer qu'aucun membre de notre meute ne s'en prendrait aux Fires. Celle qui, en poussant son dernier souffle, n'a pas comme elle le pensait gagné la bataille de sa vie, mais a gagné une sœur. C'est de cette Alaska dont je vous parle. Alaska était mon amie, comme j'étais la sienne. Et en tant que telle, je sais qu'elle n'aurait pas souhaité vous voir, vous tous, rongés par la haine et l'envie de tuer sa sœur. Je sais aussi qu'elle s'en voudrait probablement de vous faire souffrir ainsi. Cependant, comme l'a dit Kenoa, nous ne sommes pas en mesure de lui rendre la vie. Aussi vous demanderai-je, par respect pour sa mémoire, de respecter ses dernières volontés. La haine est quelque chose d’incontrôlable. C'est un sentiment qui prend extrêmement facilement le dessus sur votre raison. Cependant une autre émotion est plus puissante que cette rage. L'amour. Alors, si vous portez en votre cœur Alaska, en souvenir de l'amour, ou même de l'amitié que vous lui portiez, vous respecterez sa volonté.Et si vous vous laissez aller dans vos désirs de vengeance et que vous passez à l'acte. Et bien quelque part, cela voudra dire que vous ne valez pas mieux que ce que les Fires pensent de nous. Contrairement à ce qu'ils disent, nous avons un cœur, et ce cœur ne devrait non pas être emplis de haine envers leur meute, mais de respect envers la volonté d'Alaska. Et c'est en respectant cette volonté, que vous trouverez, je l'espère pour vous, la paix que notre défunte Alpha souhaiterait que vous éprouviez."

La louve tourna ensuite le dos, et passa sans rien dire près de la dépouille d'Alaska. Elle était brisée, cela se voyait. Mais Myosotis ne comptait pas en rester là. S'avançant, elle haussa la voix, que tout le monde l'entende, et jeta à Jewel :

« Nous avons peut-être un Coeur, mais regarde-toi. Les nôtres ne sont peut-être pas brillant, mais le tiens est brisé. Faut-il mieux avoir un cœur où tendent tant de sentiments ou un cœur déchu ? Alaska était peut-être ton amie, mais elle était notre mère. Crois-tu vraiment que je ne nourris de la haine que pour mon bon plaisir, Jewel ? Cette haine, c'est une manière d'apaiser ma douleur. Et si je nourris une haine envers tous les Fires, je n'ai pas pour autant dit que je les tuerais tous. Sharka vaincue, ma douleur sera apaisée, et je reconsidèrerais mes idées.»

Puis, plantant son regard améthyste dans le regard de son père, une lueur de défi dans les yeux, elle lança :

« Oserais-tu vraiment me tuer ? Que dirais ta compagne ? Tu sais comme moi que tu le regretterais. »

Elle mâcha un instant ses mots, consciente qu'elle jouait l'avenir de la Meute entière, son avenir à elle, celui de sa famille, et le reste. Elle jeta un regard à Reiko, puis au reste de la Meute. Enfin, elle reprit :

« Ton temps est révolu, Papa. Il est temps pour Toi de t'arrêter. Désormais, c'est notre tour. C'est à nous d'écrire notre histoire. Et rien ne m'arrêtera. Pas même Toi. »

Il y avait une pointe de regret dans sa voix, mais aussi une farouche détermination. Elle aurait aimé rester en bon terme avec son père jusqu'à la fin, mais elle ne laisserait pas passer son destin pour autant.

[C'est parti ]

Whitefang grogna. Myosotis ne broncha pas. Inconsciemment au départ, puis sciemment désormais, elle se montait contre lui.

-Comment oses-tu! Ta mère est peut-être morte, mais je suis encore l’Alpha. Et je le resterais tant et aussi longtemps que je le voudrais et le pourrais! Alors si tu veux le titre d’Alpha, tu devras attendre encore. À moins que n’est n’ai l’intention de tuer ton propre père ?

Ainsi donc, il la provoquait. Il ne savait pas jusqu'où elle était prête à aller. Il ne savait pas non plus qu'elle irait jusqu'à le tuer s'il le fallait. Bien que cela l'attristerait, elle ne laisserait rien gêner son ascension. Elle était immobile, le regard dur comme du fer, déterminée. Elle s'apprêtait à prendre la parole quand Kenoa la reprit :

« Calmez vous ! Il n'y a pas lieu à la discussion ! Les règles sont les règles. Whitefang est Alpha et le restera jusqu'à sa mort. C'est seulement à ce moment que tu reprendra le flambeau, Myosotis.Tu n'es pas digne d'être une Alpha si tu ne peux même pas respecter les dernières volontés de ta propre mère. Crois tu qu'elle aurait souhaité voir sa famille se déchirer comme cela ? Si tu veux honorer sa mémoire, réfléchi une seconde.Tu n'es qu'une petite louve arrogante qui a besoin de voir ce qu'est le monde. »

Dans un calme olympien - les paroles de la louve de jais ne la touchait pas plus que ça, elle la savait fidèle à sa mère - et en moins d'une fraction de seconde, Myosotis flanqua un violent coup de patte à la louve noire, laissant quatre sillons sanglants sur sa joue. Rien de bien grave ni de bien douloureux. Juste de quoi lui rappeler.

« Ne te mêle pas de ce qui ne te regarde pas, Kenoa. Et n'oublie pas que, même si je ne suis pas encore Alpha, je suis la fille du couple Alpha, tu me dois donc le respect. Je ne serais pas aussi tolérante la prochaine fois. »

Se retournant vers son père, elle jugeait que l'affaire avec Kenoa était terminée, elle resta silencieuse quelques instants, mâchant ses mots, les tournant et les retournant dans sa tête. Enfin, après un long moment de silence, elle ouvrit les mâchoires, et, d'une voix lourde de sens, puissante mais calme, elle déclara :

« Tu dis vrai, et Kenoa aussi. Tant que tu es encore en vie, la place d'Alpha te revient, sauf si tu prend la sage décision de te retirer pour laisser ta place à ta descendance. Sinon, la place d'Alpha ne sera disponible que quand tu seras mort. Je t'admirais, Papa, mais depuis quelques temps, tu as changé. Tu n'es plus le même. Et même si te tuer ne me réjouis pas, je n'hésiterais pas. Je ne laisserais personne faire obstacle à mon Destin.»

[AAHAHAHAHA ! ]

La rage de Whitefang attisa encore plus la hargne de Zarys. D’une voix sourde et peu contrôlée, le dernier Alpha de la meute  se jeta sur le trio qui appelait à la vengeance. Myosotis, Reiko, et le dernier que Zarys ne connaissait pas se prirent une correction publique. Ce fut comme si Zarys avait été parmi eux à ce moment là. Une honte sourde monta en lui. Comment un père, aussi juste soit-il pouvait-il se permettre d’humilier ses propres louveteaux ?
"Alaska nous a quittés... Elle a été affronté Sharka en combat singulier et elle a perdu. Ce combat... ce combat à peut-être mis fin à la vie de notre Alpha bien aimé, mais elle à régler le différent que Sharka et Alaska avait entre elles. Dans ses dernières paroles, Alaska m'a fait promettre de ne pas en vouloir ni à Sharka, ni à sa meute...Si j'apprends qu'un loup de la meute des Shadow est allé s'en prendre à la meute des Fire, peut importe la raison. Il sera sévèrement puni! Ai-Je été assez clair !?"
 
Hum, Zarys n’était pas d’accord. La mort fait souvent divaguer les loups. Cette Alaska qui appelle à la paix, ce n’est pas celle de ses Légendes. Ce n’est pas son Guide, celui qui lui avait permis de tenir le coup face à la vie. Il ne respectera pas ces dernières paroles. Parce qu’il n’y croyait pas, parce que cela ne correspondait pas avec la grande guerrière qu’il avait toujours espéré connaitre.
 
Une louve blanche pris la parole, avec des propos plus nuancés.
" Nourrir de la rancœur envers celle qui a tué ta mère est ton choix, et il parait légitime. Cependant pourquoi inclure la meute toute entière ? Oui, les Fires nous ont toujours haïs, considérés comme des monstres. Cependant cette erreur n'appartient qu'à eux. Quand comprendrez vous. Quand réaliserez vous qu'Alaska n'en a toujours voulu qu'à une seule et unique personne, Sharka. Vous souvenez vous de la guerre ? Elle avait affronté Jenny, gardienne des Fires. Pensez vous que si elle l'avait haïs comme vous haïssez les Fires, elle lui aurait laissé la vie sauve ? Non. Et pourtant c'est ce qu'elle a fait. A l'heure qu'il est, cette gardienne est toujours en vie. Je ne suis pas en mesure de vous conseiller de ne pas haïr Sharka. C'est un choix qui n'appartient qu'à vous. Cependant réfléchissez à deux fois avant de vouloir vous en prendre à elle. Demandez vous ce qu'Alaska aurait souhaité. Non pas la Alaska que vous connaissiez, qui haïssait sa demi-sœur, mais celle qui a fait promettre à Whitefang de s'assurer qu'aucun membre de notre meute ne s'en prendrait aux Fires. Celle qui, en poussant son dernier souffle, n'a pas comme elle le pensait gagné la bataille de sa vie, mais a gagné une sœur. C'est de cette Alaska dont je vous parle. Alaska était mon amie, comme j'étais la sienne. Et en tant que telle, je sais qu'elle n'aurait pas souhaité vous voir, vous tous, rongés par la haine et l'envie de tuer sa sœur. Je sais aussi qu'elle s'en voudrait probablement de vous faire souffrir ainsi. Cependant, comme l'a dit Kenoa, nous ne sommes pas en mesure de lui rendre la vie. Aussi vous demanderai-je, par respect pour sa mémoire, de respecter ses dernières volontés. La haine est quelque chose d’incontrôlable. C'est un sentiment qui prend extrêmement facilement le dessus sur votre raison. Cependant une autre émotion est plus puissante que cette rage. L'amour. Alors, si vous portez en votre cœur Alaska, en souvenir de l'amour, ou même de l'amitié que vous lui portiez, vous respecterez sa volonté.Et si vous vous laissez aller dans vos désirs de vengeance et que vous passez à l'acte. Et bien quelque part, cela voudra dire que vous ne valez pas mieux que ce que les Fires pensent de nous. Contrairement à ce qu'ils disent, nous avons un cœur, et ce cœur ne devrait non pas être emplis de haine envers leur meute, mais de respect envers la volonté d'Alaska. Et c'est en respectant cette volonté, que vous trouverez, je l'espère pour vous, la paix que notre défunte Alpha souhaiterait que vous éprouviez."
 
Hum. Encore. Mais n’avaient-ils pas soif de sang ? Soif de vengeance ? Ils avaient tué leur Alpha, leur leader, leur amie, bon sang ! Zarys bouillonnait de rage, véritablement consterné. Allez, laissez Whitefang gouverner seul la meute, et les Shadows ne vaudront pas mieux que des imbéciles de Winds dans quelques lunes. Gâcher un tel potentiel, le loup blanc en était malade. Pourquoi, mais pourquoi voulait-il tant persévérer dans la paix ? Ils avaient une revanche à prendre sur les Fire et les Winds, avec leur première défaites il y a quelques temps. Ils n’allaient tout de même pas jouer les lâches soumis, et se replier pour vivre dans leur coin, n’est-ce pas ?
 
Zarys eut un doute. En voyant l’actuel Alpha, il se demanda comment Alaska avait-elle pu aimer un tel pacifiste. Quoique, cela ne voulait rien dire. Après tout, il ne faisait que respecter les sois-disantes paroles de sa défunte compagne.
 
Le loup blanc soupira. Au même moment, Myosotis, regagnant toute sa superbe, se redressa, et poursuivit, d’un air dur et confiant qui effaça dans les esprits la claque qu’elle s’était prise peu de temps au paravent.
" Nous avons peut-être un Coeur, mais regarde-toi. Les nôtres ne sont peut-être pas brillant, mais le tiens est brisé. Faut-il mieux avoir un cœur où tendent tant de sentiments ou un cœur déchu ? Alaska était peut-être ton amie, mais elle était notre mère. Crois-tu vraiment que je ne nourris de la haine que pour mon bon plaisir, Jewel ? Cette haine, c'est une manière d'apaiser ma douleur. Et si je nourris une haine envers tous les Fires, je n'ai pas pour autant dit que je les tuerais tous. Sharka vaincue, ma douleur sera apaisée, et je reconsidèrerais mes idées.
 
 Oserais-tu vraiment me tuer ? Que dirais ta compagne ? Tu sais comme moi que tu le regretterais. »
 
Zarys aurait bien applaudit.  L’impétuosité de Myosotis le laissait pantois d’admiration. Il savait où était sa place, parmi les loups qu’elle dirigerait. Pas les autres. Elle, et elle seule avait l’étoffe d’une véritable Alpha. Son père était devenu trop mou pour cette dure tâche.
"Ton temps est révolu, Papa. Il est temps pour Toi de t'arrêter. Désormais, c'est notre tour. C'est à nous d'écrire notre histoire. Et rien ne m'arrêtera. Pas même Toi."
 
Whitefang enchaina tout de suite après sa fille, les oreilles plaquées sur sa nuque et ses crocs dévoilés sur toute leur longueur, près à ce battre. C’était en effet un appel à la violence et au combat que lançait la louve blanche aux yeux violets.
"Comment oses-tu! Ta mère est peut-être morte, mais je suis encore l’Alpha. Et je le resterais tant et aussi longtemps que je le voudrais et le pourrais! Alors si tu veux le titre d’Alpha, tu devras attendre encore. À moins que n’est n’ai l’intention de tuer ton propre père ?"
 
Là, ça devenait intéressant. Zarys s’assit sur son postérieur, attendant la répartie de Myosotis qui ne saurait tarder. Mais ce fut une autre louve, noire, qui répondit à sa place :
" Calmez-vous ! Il n'y a pas lieu à la discussion ! Les règles sont les règles. Whitefang est Alpha et le restera jusqu'à sa mort. C'est seulement à ce moment que tu reprendra le flambeau, Myosotis. Tu n'es pas digne d'être une Alpha si tu ne peux même pas respecter les dernières volontés de ta propre mère. Crois tu qu'elle aurait souhaité voir sa famille se déchirer comme cela ? Si tu veux honorer sa mémoire, réfléchi une seconde. Tu n'es qu'une petite louve arrogante qui a besoin de voir ce qu'est le monde."
 
Il reconnu Kenoa. Il eut envie de se jeter sur elle, mais ne fit rien qui pourrait gêner l’ascension imminente de Myosotis au poste d’Alpha de la meute. Il était là pour l’aider, non pour faire diversion. Au lieu de quoi, il gronda simplement en découvrant les crocs, comme mise en garde à l’attention de la louve noire.
 
Myosotis le fit pour lui. D’un geste rapide et précis, elle lui assena un coup de patte sur la tête, lui laissant une blessure luisant de sang sur le museau. Zarys ricana.
"Ne te mêle pas de ce qui ne te regarde pas, Kenoa. Et n'oublie pas que, même si je ne suis pas encore Alpha, je suis la fille du couple Alpha, tu me dois donc le respect. Je ne serais pas aussi tolérante la prochaine fois."
 
La belle louve blanche se tourna vers son père, le défiant littéralement dans les yeux. D’une voix dure et sans appel, elle lui lança, solennelle et calme
" Tu dis vrai, et Kenoa aussi. Tant que tu es encore en vie, la place d'Alpha te revient, sauf si tu prend la sage décision de te retirer pour laisser ta place à ta descendance. Sinon, la place d'Alpha ne sera disponible que quand tu seras mort. Je t'admirais, Papa, mais depuis quelques temps, tu as changé. Tu n'es plus le même. Et même si te tuer ne me réjouis pas, je n'hésiterais pas. Je ne laisserais personne faire obstacle à mon Destin."


Zarys se leva. Il alla rejoindre Reiko et Fënrrir, qui se trouvaient  plus près de Myosotis que lui ne l’avait été de par son emplacement initial. D’un signe de la tête, il leur fit comprendre qu’il était avec elle. Avec eux. Qu’il se battrait pour leurs propres idées, et pour réclamer vengeance auprès des Fire et de Sharka. 
 
Il répliqua, sans s’adresser à quiquonque en particulier, d’un ton dur, et assuré :

"Quand le déshonneur est public, il faut que la vengeance le soit aussi. Sharka nous a privés de notre Alpha, et les Shadows ne devraient réagir que par leur repli sur eux même ? La vengeance est encore la forme la plus sûre de la justice !"

 
S’il fallait qu’il se batte aux côtés de Myosotis, mais aussi de Fënrrir et de Reiko, Zarys n’hésiterait pas. Au fond de ses prunelles changeantes, une flamme argentée, irisée d’une infinité de couleurs, rendait son regard plus polychromique que jamais. Il était près à utiliser son pouvoir à tout moment pour défendre ses convictions. 

[Mais qu'est-ce que j'aime ce RP' :O ♥♥♥]

Des loups s'avancèrent, l'appuyant de son soutient. Il y eut Zarys, aussi. Ce loup si étrange. Ce loup qu'elle aimait secrètement, sans savoir pourquoi ni comment. Mais plus qu'eux, c'était son père qu'elle écoutait. Parce qu'au final, l'issue ne serait déterminée que par eux deux. Les autres Shadows ne pourraient rien changer. Sauf Reiko s'il le voulait. C'est donc impassible, la tête haute, dominant son père de par sa taille et sa corpulence, que Myosotis l'écouta dire :

- Pour des Shadow qui défendait les idéaux d'Alaska, je suis bien déçu. Vous n'êtes donc que des larves sans cervelles! Pourquoi nous sommes nous battue à la guerre, pourquoi nos frères et nos sœur sont tombé au combat, pourquoi Alaska c'est battue toute sa vie et en ai morte! Avez-vous oublier cette raison? Si oui alors vous êtes indigne d'être des Shadow! Mais je vais vous le rappelez.

Myosotis avait tant à dire, à répliquer, mais elle savait qu'il n'avait pas finit, aussi attendit-elle. C'était un accord tacite entre les Shadows. Quand l'un parlait, l'autre attendait, même s'il avait à répliquer.

-Nous avons versé notre sang pour prouver aux autres que les Shadow n'était pas ce qu'ils pensaient. Que nous n'étions pas des sanguinaires, mais bien des loups libres avec un code d'honneur! Voilà pourquoi nous nous sommes battue, voilà pourquoi Alaska est morte pour lavé les anciens préjugé que les autres meutes avaient envers nous. Alors c'est ce que vous voulez, vous venger, détruire ce pourquoi Alaska c'est battue toute sa vie? Mais si vous agissez ainsi, sachez que vous souillez la mémoire d'Alaska et que vous ne serez plus digne d'être appeler Shadow. Et oui Myosotis, j'ai changer, j'ai changer dans le même sens que les idéaux de ta mère, tant pis si tu as été trop aveuglé par le pouvoir pour t'en rendre compte. Elle c'est toujours inquiété pour toi, elle ne voulait pas que tu deviennes cette louve gonflé d'orgueil en crise de pouvoir que tu es devenu, elle voulait, tout comme moi que tu devienne une vrai Shadow, mais... je vois bien que cette espoir est vain.

Il soupira, vînt se coller contre le corps d'Alaska, inerte, et désormais glacé.

-J'en ai assez... je suis l'Alpha des Shadow, pas d'une meute de loup qui tourne le dos au principe de son Alpha à la seconde ou elle meurt. Tu veux être l'Alpha d'une bande de mercenaire diriger par la vengeance Myo, soit. Mais sache que tu ne saura les contrôler, une meute assoiffé de sang n'obéit à personne et il te tuerons dès que tu cesseras de leur plaire. Alors la t'en mordra les griffes que je ne t'ai pas enseigner comment diriger une meute. Alors tu veux vraiment les Shadow? Prends les, ils ne sont plus ce qu'ils étaient, laisse moi seulement mener le corps de ta mère à la Montagne aux Esprit, alors la je te nommerais Alpha à ma place. Après ça je quitterais cette meute et retournerais Solitaire, ceux qui croit encore à l'existence des idéaux d'Alaska et veulent respecter ses dernières volonté, je vous propose de m'accompagner.

De par son attitude, Myosotis comprit qu'il avait terminé. Elle aurait souhaité ne pas en arriver là. Seulement, il l'y avait poussé. Forcer. Et certaines de ses paroles venaient de la blesser profondément. Pourtant, bien qu'elle eut soudain envie d'aller se blottir contre sa mère et de la pleurer, elle garda la tête haute, mais son ton était plus rude, plus douloureux, quand elle s'exprima :

« Ainsi, je t'ai déçu. Et bien sache que je ne m'en excuserais pas. Et ne parle pas en faveur de ma mère. Tu ne sais ce qu'elle pensait. Tu ne l'as jamais vraiment su. Tu ne la laissé partir que parce qu'elle t'a supplié. S'il n'avait tenu qu'à Toi, tu l'en aurais empêché. Tu l'aurais empêché d'apaiser sa conscience et son esprit. Tu ne l'as jamais déchiffré. Alors ne me parle pas de ce qu'elle pensait de Moi.»

C'était méchant. Très méchant. Mais elle voulait lui faire mal, comme il venait de la blesser intérieurement. Petite, elle avait toujours tout fait pour que ses parents soient fiers. Et elle avait toujours eu l'impression qu'ils l'étaient. Mais elle s'était voilé la face. Au fond, ils ne l'avaient peut-être jamais aimés. Peut-être qu'ils avaient toujours préféré Aloe. Peut-être qu'ils auraient préféré qu'elle meurt à la place de Kilio. Peut-être qu'ils...Non ! Non, elle n'allait pas se laisser déstabiliser. Tout ça ne comptait plus, désormais. Comme tout le reste.

« C'est vrai, nous nous sommes battus pour montrer ce que nous étions vraiment. Des loups libres et sauvages. Et en laissant impuni le crime de Sharka, nous acceptons le joug des Fires. Nous acceptons d'être entravés. Et je ne l'accepterais pas. Un loup et libre quand il fait ce qu'il veut, où il veut, et quand il le veut. Je n'obligerais jamais personne à se battre. Je n'obligerais personne à m'obéir. Chacun sera libre de ses actes, et ne répondre de ses actes que devant lui-même. Quiconque veut pourra fuir. Mais ceux qui resteront seront libres. Plus libres qu'ils ne l'auront jamais été. Mais ils auront une Famille. Ils auront de l'aide s'ils la demande. Et je ne demanderais en échange que de la loyauté envers la Meute. Rien d'autre.»

Du moins le voyait-elle comme cela. Un règne où chacun serait libre de ses actes. Sans entraves. Libre.

« Et, parce qu'ils seront libres, ces loups ne seront pas des mercenaires, comme tu oses les appeler. Ni des assoiffés de sang. Ma mère avait commencé à s'engager dans cette voix, et je compte poursuivre ce qu'elle avait commencé.»

Elle observa tour à tour tous les loups qui se trouvaient autour d'eux, et ajouta d'une voix plus profonde, bien que le ton de sa voix prouvait la souffrance qu'avaient causés les mots de son père dans son esprit.

« En les désignant comme tels, tu insultes les loups qui vous ont toujours fidèlement servis. Et si tu me juge assoiffée de pouvoir et gonflée d’orgueil, alors tu es libres de le penser. Mais contrairement à ce que tu imagine, nous ne tournerons pas dos aux principes d'Alaska. Pas plus que je n'obligerais quiconque à aller tuer les Fires. Je n'irais pas chercher Sharka dans sa grotte. Je ne la convoquerait pas non plus. Et je ne reporterait la tâche sur personne. Seulement, le jour où je croiserais Sharka, je la tuerais. Il ne tient qu'à elle de ne pas me croiser. Si le Kô fait que nous ne nous croiseront jamais, alors qu'il en soit ainsi. Je ne cracherais pas sur mon Destin.»

Elle songea aux dernières paroles de son père. Aux dernières de sa mère, les dernières qu'elle avait entendu. Elle songea à ce qu'était devenu sa vie. A la façon si brusque dont tout avait changé. Et à tout ce qui pouvait changer selon ce qu'elle choisirait. Pourtant, sa voix était déterminée, et ses yeux brillaient d'une lueur farouche quand elle s'exprima, scellant son Destin et celui des Shadows.

« Je t'accompagnerais sur la Montagne. Nous t'accompagneront tout, car Alaska le mérite. Et si tu décides de ne pas rester parmi nous, et te partir, alors tel est ton choix. Mais sache que tu peux rester. J'ai revendiqué la place d'Alpha, pas ta mort. Tu m'as blessé, et je t'ai blessé. Nous sommes quittes. Que tu le veuille ou non, tu restes mon père, et je ne te tuerais que si j'y suis forcée. Tu seras toujours le bienvenu chez les Shadows. Ne l'oublie pas.»

[Allez, j'avais trop envie ♥]

♣ Musique ♣

Je vois bien qu'il est triste. Il m'en veux. Il ne me pardonnera jamais. Il m'a mentit en me disant qu'il acceptait, qu'il comprenait. Mais je ne peux pas lui en vouloir. Je l'ai fait souffrir. Je l'ai détruit. J'ai ruiné sa vie, son cœur, et tout ce qui l'entoure. J'aimerais tellement pouvoir aller le chercher, pouvoir le ramener avec Moi. Mais je ne peux pas. j'ai réclamé quelques chose, je l'ai eu, et je me dois désormais d'attendre. Je savais que ce serait dur. Mais je ne regrette pas. Je suis bien ici. Et mon petit Kilio est avec Moi. Ses yeux ont un nouvel éclat, tout comme les miens, j'imagine. L'éclat de ceux qui n'ont plus de fardeau sur les épaules. L'éclat de ceux que plus rien n'importe. L'éclat de ceux qui sont en paix.

Il me ramène. Je vois bien que chaque pas est une souffrance pour lui. Et je ne reconnais pas cette masse blanche, ensanglantée, qu'il traîne. Pourtant, c'est moi. C'est le corps que j'ai habité depuis tant d'années. Pourtant, je ne l'aime pas. Il m'a fait souffrir. Et même s'il m'a aussi apporté du bonheur et de la joie, même s'il a toujours été puissant, agile, et parfait pour les combats, je ne l'aime pas. Parce que je n'y étais pas heureuse. Je vois bien que mes loups aussi sont tristes. Mais je sais que certains ne me regretteront pas.

Je vois Myosotis qui s'avance. Mon cœur se serre. Je sais ce qu'elle va faire. Je le sais depuis que Kilio est mort. Et je ne lui en veux pas. Je ne peux pas lui en vouloir. Elle applique les valeurs que nous lui avons inculqués. Nous l'avons éduqué dans ce sens. Nous l'avons éduqué en lui disant que chaque loup est libre de ses actes. Que c'est à chaque loup d'écrire son destin. Et désormais, elle écrit le sien. Je l'aime, comme j'aime Reiko, Imalys, Aloe, et Kilio. Ils sont différents. Et je sais bien que ma mort va déchirer la Meute et la Famille. Mais je n'avais d'autre choix.

Reiko est là aussi. Il la soutient. Comme Aloe et Imalys se soutiennent. Je suis fière d'eux. Parce qu'au moins, ils sont loyaux envers la famille, chacun à leur manière. Alors et Imalys sont partis, et même si cela m'attriste qu'il ne se sentent pas chez eux ici, ils ont peut-être eut raison. Ils veulent vivre leurs vies autrement. Ils grandiront autrement. Quant à Myosotis et Reiko, ils perpétueront notre Souvenir. Car même si Whitefang est en colère, comme je l'ai été un temps, il comprendra, quand il me rejoindra. Et nous les suivront ensemble. Nous les verront écrire leurs propres histoires.

Mais, avant cela, il faut passer par le moment qui me coûte le plus. Celui qui me ferait presque regretter d'être partie. Celui où ils vont commencer à se déchirer. Je sais bien que, même si cela lui causerait énormément de peine et de rancœur, Myosotis irait au bout de ses paroles, et tuerait pour avoir la place d'Alpha. Mais, même si je suis inquiète, je sais que Whitefang fera preuve de raison. Parce qu'il la connait aussi bien que moi. Et même si pour le moment il refuse de le reconnaître, il le fera. Il est en colère, il m'en veux, il en veux au monde entier, parce que sa vie s'écroule sous lui. Et que son propre sang en est la cause. Mais je sais que Myosotis est triste aussi. Je sais que son Coeur manque de s'arrêter à chaque parole. Mais elle est forte. Elle tiendra le coup.

Il comprend. Il fait agit avec raison, parce qu'il sait qu'il a déjà tout perdu. Et même si je sais qu'il n'acceptera pas son offre, je suis heureuse que Myosotis lui propose de rester. Parce qu'elle l'aime. Parce qu'il est son père. Mais je sais qu'il s'en ira, parce que Whitefang n'est presque plus qu'un fantôme, comme je sais que Jewel en deviendra un aussi. Mais je sais qu'elle ne partira pas, parce qu'elle veillera sur Myosotis. Parce qu'elle se sent coupable.

Je sais désormais que la page se tourne. Ma vie touche à sa fin. Mais d'ici, je peut voir sans être vu. Comme si j'étais de l'autre côté du miroir. Et même si je ne peux pas leur parler, même si je ne peux pas les toucher, et même s'ils ne peuvent pas me voir, je suis là.

J'enroule ma queue autour de Kilio. Je croise son regard. Je lui lèche le museau. Je l'aime. Et désormais, je suis là pour lui. Et lui pour Moi. Il y a Sidka, et Nebraska, aussi. Mais je ne les ai pas vu. Je ne suis pas encore prête à les rejoindre. Mais je sais qu'elles viendront, un jour ou l'autre. Quand mon âme sera totalement en paix, même si j'ai l'impression de l'être. En attendant, Kilio m'a pour lui tout seul, jusqu'à ce que son Papa nous rejoigne. Et alors, nous veilleront ensemble sur les nôtres. Nous seront leurs étoiles. Nous les guideront, comme nos Ancêtres nous ont guidés auparavant.