Traînant les pattes sur le sol doux, je ne cherchais rien de particulier. Un ambiance un peu trop excitée régnait dans le camp, aussi avais-je voulus m'éloigner pour profiter du fait que la journée sois douce pour sortir un peu seule. Après l'annonce de l'alpha, tous les loups étaient devenus hystériques, comme si cette nouvelle les emplissaient de joie, comme si cela était une véritable bénédiction. Évidemment, je n'avais rien contre cette nomination et cette nouvelle tête tout à fait sympathique dans la meute autant par ce que mon alpha était heureuse que par ce que j'avais déjà rencontrer l'heureux élu et le trouvait très amical, pour autant je trouvais exagérée la réaction prolongée des autres. Après tout, ils auraient dû être un rien consternés, méfiants envers cet inconnu qu'on proclamait soudainement alpha à la tête de la meute. Mais non, ils avaient accepter sans broncher. Bien sûr, je n’imaginais pas qu'ils allaient réagir contre cette idée, mais pas non plus qu'ils laisseraient couler sans rien dire. Enfin, peut être étais-je trop jeune pour comprendre le raisonnement d'un loup adulte.
Passant outre ces réflexions, je me concentrais sur la piste que je venais de détecter quelques instants plus tôt. Le fort fumet d'un lièvre sûrement bien dodu m'emplissais les narines et j'étais presque sûre que si je fermais les yeux, je verrais derrière mes paupières un long chemin me conduisant à ma proie tant l'odeur était insistante. Trottinant d'une foulée légère mais rapide, je glissais sur le sol meuble sans bruit. La brise chaude soulevait mon poil et me faisait rabattre les oreilles. Je me faufilais dans un buisson, suivant la trace de ma proie.
Soudainement, je me retrouvais face à un immense sapin. Il m'avait toujours fascinée, aussi m'arrêtais-je, oubliant que je devais rattraper le gibier qui devait certainement être en train de courir loin devant moi. Mon regard chercha la cime de cet arbre qui brandissait majestueusement ses branches vers le ciel. Je m'avançais doucement vers une des énormes racines qui sortaient de la terre quand une odeur nouvelle me chatouilla la truffe. Je l'identifiais comme celle de la sève fraîche. Je grimpais tant bien que mal sur la racine et m'assis dessus. Fermant les yeux, j'inspirais longuement, me laissant enivrer par toutes les odeurs de la forêt.