Tout change. De fond en comble. D'abord, il y a eu la guerre, mais je n'y ai pas pris part, j'étais trop jeune, me disait-on. Et puis nous avons perdu. Parce que c'était une mauvaise stratégie. Ou parce que nos loups ne se sont pas assez donnés. Je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est que si j'avais été à la tête de la Meute, ou simplement si on m'avait autorisé à me battre, alors tout aurait été différent. Je ne remet pas en cause la tactique de mes parents. Je les aime. Mais ils se font vieux. Je sais que c'est Kilio qui aurait du prendre leur place. Et c'est regrettable qu'il soit mort. Mais il était toujours...à part. Il n'avait pas l'étoffe. Et désormais, c'est Aloe qui doit prendre la place d'Alpha. Mais je ne suis pas d'accord. Elle privilégie la paix à la force. Ce n'est pas là l'âme de la Meute. Elle a préféré dégrader l'entité de la Meute et se ranger du côté des Winds, quand bien même elle n'avait pas à s'en mêler. Je la déteste. Et je trouve que la place de chef ne lui revient pas. Elle me revient de plein droit, parce que j'ai l'étoffe d'une Alpha. Je suis douée au combat, intelligente, puissante. Je n'ai peur de rien, et pas de pitié. les problèmes se règlent par la force, pas par les discours. Je sais que Maman n'approuve plus cela, alors qu'autrefois elle était impitoyable. Mais elle à changé. Je l'aime encore, mais elle est différente. Avant, je l'admirais. Elle était impériale, avec son regard glacé, sa puissance incontestée, et son côté sauvage et sans pitié. Désormais, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Je suis heureuse de passer du temps avec elle, mais je vois bien que nous la décevons. Tous. Parce que nous sommes divisés. Parce que nous ne sommes pas comme elle l'aurait souhaité. Mais peu importe, je sens qu'elle va bientôt s'en aller, et même si cela me fait de la peine, je sais que c'est ce qu'elle veut. Et cela me permettra enfin de prendre la tête de la Meute. Parce que je ne laisserais pas Imalys et Aloe se mettre en travers de ma route. je n'aurais pas de scrupules à les écartes comme un brin de paille.

- Laisse-moi deviner... Tu meurs d'envie de me tuer, c'est ça ?

Un loup blond. Serait-ce Kinhan ? Non, c'est une louve, et elle porte l'odeur des Fires. De Sharka. Qu'elle aille au diable, ils ne font pas le poids.

- Viens, je t'attends...

Elle m'attend ? Pourquoi dont ? Elle ne peut rivaliser avec Moi. Je suis imbattable. Et je n'ai pas de temps à perdre avec elle.

« Certes l'envie de te tuer est assez tentante, mais je n'ai guère le temps de batifoler. »

[Comme tu préfère. Tu as bien compris comment marchent les dés ? ]

- Tu crois peut-être que ce sera facile ? Certes, tu est une Bêta, mais je suis plus âgée que moi. Et si ce combat doit être mon dernier, je mourrai un sourire aux lèvres. Pour ma meute. Tu suis la voie tracée par ta mère. Une voie dont la fin est sombre. Tu finiras seule. Vous les Shadows, vous vous dites sadiques. Mais vous cachez votre faiblesse derrière cette envie de sang. Trop peu de loups sont capables de s'assumer tels quels.

Quelle imbécile ! Myosotis avait mieux à faire que de se battre contre une pauvre Fire. Oh, bien sur, il lui aurait été facile d'utiliser son pouvoir, mais la jeune louve n'était pas bête au point de se laisser avoir à la première tentation. Personne, excepté Jewel et le reste de sa famille, ne connaissais son pouvoir. Elle l'avait gardé secret, car elle le jugeait implacable si elle l'utilisait sans prévenir, sans que personne ne le connaisse. Parce que, le temps qu'un quelconque loup comprenne son fonctionnement - si tant est que quelqu'un en était capable - alors elle aurait déjà eut largement le temps de tout mettre à sac, et il ne resterait rien de son rival. Savoir qu'elle était capable de plier n'importe quel loup à sa volonté était quelque chose de réjouissant. Très réjouissant.
Sa voix, quand elle parla, était un brin moqueuse, comme toujours, mais pas dénudée de sens.

« Mon âge importe peu. Tu serais bien imprudente de juger mes capacités sur ce seul critère.»

Myosotis ne jugeait pas sa mère comme parfaite, mais le fait d'entendre la Fire parler d'elle de cette façon ne lui fit guère plaisir, et sa voix, bien que toujours calme, n'était plus moqueuse, mais bien chargée de menaces :

« Tu ne connais rien de ma mère, comment es-tu capable de la juger ? Serais-tu comme Sharka, à juger sans connaître ? La preuve en est. Nous ne sommes pas sanguinaires, et notre but n'est pas de faire couler le sang. Nous prônons simplement les vrais valeurs d'un loup. Son courage, sa force, son côté sauvage.»

Immobile, ses yeux violets dégageant une lueur sombre, sans pour autant être mesquine, Myosotis reprit :

« Ma mère à peut-être fait des erreurs, mais ce n'est pas la seule. Et elle a eu le courage de les reconnaître, quand bien même ton Alpha n'en a pas eu le cran. Quand au fait que tu prétend que nous ne sommes sadiques, c'est parce que tu as peur. Vous avez peur, tous autant que vous êtes. Vous nous jugez sadiques, parce que nous n'hésitons pas à blesser ou à tuer pour garantir notre prospérité. Et vous avez peur que cela vous arrive. »

- Alors j’espère que ta prospérité t'aidera, car...

Car quoi ? La louve semblait...semblait essayer de contenir quelque chose. Serait-ce son pouvoir ? En quoi consistait-il, d'ailleurs ? Elle tremblait, et semblait lutter intérieurement. Par le biais de sa mère, Myosotis avait entendu une fois une sombre histoire sur un loup tourmenté par un monstre qui se déchaînait et tuait tout ce qui lui passait sous le nez, même sa propre famille. Quelque chose de terrible, apparemment. Pourtant, Myosotis ne craignait pas. Elle avait son propre pouvoir, capable de déstabiliser le plus grand adversaire, tant il était surprenant quand on y goûtait pour la première fois. Elle même avait été profondément chamboulée par ce pouvoir. A force de sonder l'esprit de divers animaux de la forêt, elle avait fait maintes observations. Que tous les animaux, que ce soit des proies, des loups, des oiseaux, tous pensaient à peu près de la même manière. Ou du moins, leurs esprits étaient bâtis sur la même base, le même modèle. Et à force de s'entraîner - elle connaissait désormais son pouvoir sur le bout des pattes, et le contrôlait assez bien - la jeune louve s'était aperçue que son esprit à elle n'était pas bâti de la même manière. Il était différent. Sans doute à cause des changements engendrés par ce pouvoir. Toujours était-il que, si un jour, quelqu'un, par le biais de son pouvoir, lisait dans ses pensées, ou tâcher de prendre possession de son corps, il serait perdu. Il ne trouverait pas de repères, et elle même aurait sans doute le temps de reprendre le contrôle. Et puis, déjà fallait-il que le loup en question arrive à prendre les commandes.

« Car quoi ? Crois-tu me faire peur ? »

Une idée s’immisça alors dans son esprit. Et si...? Cela déstabiliserait la louve, la laisserait incertaine, surtout si Myosotis parvenait à faire en sorte que le doute ne vienne pas d'elle. Si la louve n'avait aucune idée ou doutait de la provenance de ce qu'elle allait subir, alors elle n'en serait que plus hésitante. Alors, immobile, les yeux toujours rivés dans ceux de son interlocutrice, elle alla chercher au plus profond d'elle, là où elle trouvait la source de son pouvoir. Petit à petit, elle s'immisça près de la conscience de la louve, sans toutefois y entrer, pour ne pas qu'elle s'en rende compte. Puis, quand elle fut sure d'avoir le contrôle, elle projeta sa conscience dans celle de la louve, et se fraya un chemin, bousculant tout sur son passage, sans prendre garde. Elle se retira aussi vite qu'elle était en train, en même temps qu'elle déclarait d'un ton parfaitement calme :

« Es-tu sure de vouloir te battre ? Tu pourrais t'en retourner, et faire preuve d'intelligence. »

Intérieurement, elle jubilait. Parce que, en bousculant ainsi les souvenirs, les sentiments dans l'âme de la louve, elle avait totalement mélangé le tout. Les rares fois où elle s'était exercé avec Kilio, elle avait pris soin de se frayer un chemin délicatement, pour ne pas perturber son frère. C'était comme...Comme passer entre des objets très fragiles. On pouvait se faufiler, et ne rien changer, ou tout bousculer, et les casser en mille morceaux. Comme une conscience.

[Pour rappel, la première à 5 points à gagné. Pour gagner un point, tu dois réussir ton attaque, et donc faire 4,5 ou 6 (pareil pour moi, 1,2 ou 3 = échec de l'attaque) car nous sommes de même grade. Enjoy !]

- L'intelligence n'a rien à voir là dedans. Seul la volonté fera la différence.

Si tel était son point de vu. Soudain, la louve bondit sur Myosotis, qui esquiva rapidement. Elle s'y attendait. Son pouvoir, les rares fois où elle l'avait utilisé sans l'accord de quelqu'un, un ennemi notamment, ou un autre prédateur, avait toujours déclenché ce réflexe défensif. Faisant rouler ses muscles, elle bondit sur la louve blonde, et planta ses crocs puissants dans l'épaule de la louve. Pas très profondément, mais assez pour que ce soit douloureux, et pour que cela saigne.

Puis, Myosotis recula, satisfaite. Pour elle, bien que la volonté soit quelque chose d'important, l'intelligence l'était plus encore. A quoi bon avoir une volonté de fer si l'on n'était même pas capable d’élaborer une quelconque stratégie ? Se faire avoir au premier coup bas était humiliant, et un loup bête se faisait toujours avoir au premier coup bas. D'ailleurs, il n'y avait pas que les loups bêtes, certains loups se faisaient avoir aussi, sans être nécessairement stupide.

Avait-elle compris qu'elle venait de faire une erreur en se jetant sur Myosotis ? Cette dernière eut un sourire carnassier. C'était trop tard, désormais, elle ne s'arrêterait plus. Sa rivale s'élança, glissa sous son ventre, et tenta de la frapper d'un coup de patte, mais la louve de neige s'écarta. C'était trop prévisible. Elle avait beau être jeune, elle n'était pas apprenti dans l'art du combat. A son tour, elle s'élança sur la gauche de la louve blonde, feinta, freina en mettant tout son poids sur ses puissantes pattes arrières, et bondit sur la droite, d'où elle asséna un violent coup de patte à la Fire. Il était temps qu'elle comprenne à qui elle avait affaire.

[Désolé, c'est très court, mais je voulais pas te faire attendre plus :3]

Asy attrapa la louve blanche par la peau du cou, mordant dedans. Le sang se mit à couler, tâchant le pelage immaculé de Myosotis. Mais cette dernière ne broncha même pas. La douleur n'était pas quelques chose d'important à ses yeux, et elle avait déjà supporté bien plus, quand elle s'était attaqué à un ourson et que l'ourse l'avait frappé, ou qu'elle s'était coupé sur des rochers, ce genre de chose. Alors une simple morsure...Elle vit sa rivale observer les alentours, sans trop savoir pourquoi, mais n'y fit pas attention. Elle aurait pu utiliser son pouvoir pour la déstabiliser, mais elle ne voulait pas trop le montrer pour le moment. Se jetant sur elle, elle planta ses crocs dans la peau fine et tendre du flan, juste à la jointure du ventre et de la cuisse, et mordit à pleine dents. Le sang se mit à couler. La peau était si fine qu'elle eut vite fait de la déchirer de part en part. Et se redressa, le sourire triomphant, les babines maculées de sang, et darda sur son adversaire un regard carnassier.

La Fire hurla, et cela ne fit qu'augmenter la cruauté de Myosotis. Elle aimait cela. Elle aimait faire mal, s'imposer, tout balayer. Rien ni personne ne pouvait lui résister. Pourtant, quand elle vit sa rivale fermer les yeux, elle aurait du se méfier. Oui, mais Myosotis n'ai pas le genre de louve qui se méfie. Et c'est seulement quand l'ombre de l'arbre se transforma jusqu'à devenir une main, qui se referma sur elle, et serra, serra jusqu'à la briser, que son sourire disparut. Ainsi, c'était son pouvoir. Un pouvoir très intéressant. Mais le fait qu'il appartienne à un Fire et non à un Shadow dégoutait la louve de neige. Pourtant, alors même qu'elle peinait à respirer, elle ne perdit pas sa réparti, et, fermant les yeux à son tour - rien ne servait désormais de cacher que c'était elle - elle projeta son esprit dans celui de la louve blonde, le transperçant de sa volonté de fer. La fois précédente, elle avait tout mis à sac, rapidement, sans vraiment chercher à faire de dégâts. Cette fois-ci, elle fut plus cruelle, plus insidieuse. Elle choisit un souvenir, un souvenir qu'elle déforma. C'était celui d'un grand loup noir, qui avait tué leur mère. Elle le déforma, jusqu'à insinuer la peur et la panique dans l'esprit de sa rivale. C'était là tout l'art de son pouvoir, déformer, pour que le loup ne distingue plus le vrai du faux, et ne ressente plus que le sentiment qu'elle insufflait. Et à ce moment précis, c'était une peur dévorante qu'elle insinuait dans l'esprit de la Fire.