Il n’avait jamais connu ce sentiment. Et pourtant, il ne regrettait pas de ressentir ce sentiment qu’il avait toujours raillé, moqué, utilisé pour faire du mal aux autres et les faire souffrir. Mais avec Myosotis, c’était différent. D’une part, parce qu’Elle était comme lui. Qu’ils faisaient parti d’un même univers, qu’ils composaient à eux seuls. Mais aussi parce que jamais, au grand jamais, il ne pourrait lui faire du mal. Jamais il ne pardonnerait celui qui oserait penser à lui faire du mal. Jamais il ne laisserait en vie celui qui oserait essayer lui faire du mal. Un sentiment puissant, mêlant une certaine jalousie et une envie de protéger celle qui désormais partageait sa vie, était né, quelques instants après que l’amour qu’il ressentait pour la belle louve blanche s’était révélé.

Aujourd’hui, il allait faire officiellement parti des Shadows. Il allait devenir un membre de Sa meute, un loup reconnu par d’autres qu’Elle. Il ne sera plus jamais ce Solitaire qui erre dans les méandres des territoires inconnus, ni ce Vagabond qui a échoué, complètement perdu, sur les magnifiques terres du Kô. Aujourd’hui, il aura non seulement sa compagne, mais également une famille. Cette notion lui semblait tellement abstraite, à lui qui n’en avait jamais eue. Pas de père, plus de mère, et plus de fratrie. Ce concept, nouveau, lui titillait l’esprit, piquant sa curiosité.

En chemin, il avait aussi croisé de nombreux petits louveteaux. Des petites Ombres, qui déjà portaient en elles une puissance que les Faibles, même adultes, n’auront jamais. Zarys avait sourit. Cette meute, plus que la famille de Myosotis, était une meute de Fort. Pas à aussi grande échelle qu’Elle et Lui, cependant. Mais c’étaient tous des battants, assombris par la Vie et le Destin qui ne leur avaient pas fait de cadeau. Eux, les Shadows, n’était pas aussi Naïfs que les Winds, ou Rêveurs que les Fires. Parce qu’ils avaient déjà expérimenté la vie. Qu’ils savaient qu’il fallait se battre pour avoir ce qu’ils voulaient.

Le campement des Shadows, il ne l’avait jamais vu d’aussi près. Il y avait déjà un air familier sur ces tanières,  et cette organisation. Une petite louve au pelage noir et aux yeux bleus passa en trombe devant lui, et le loup blanc sourit. Myosotis lui avait un peu parlé de l’organisation de sa Meute sur le chemin. Elle lui avait aussi expliqué que certains loups pouvaient pendre sous leur patte un apprenti, et devenir leur tuteur. Souvent, ces apprentis étaient de jeunes louveteaux sans parents. Zarys se demanda un moment s’il était possible qu’il choisisse un petit loup lorsqu’il serait Shadow. Tout comme Mad, ce solitaire qui l’avait aidé dans son enfance, Zarys voulait sortir un de ces jeunes loups de leur solitude. Pour ne pas qu’ils finissent comme lui avait été pendant longtemps. Réfractaire à toute vie sociale, haineux envers et contre tous. Ils pouvaient devenir Forts sans avoir besoin de la Solitude. Il le savait désormais mieux que personne.

Myosotis avait toujours été belle. Cela pouvait paraître orgueilleux, mais c'était la simple vérité. Elle n'était pas seulement belle physiquement, mais dans tous les sens du terme. Puissante, fière, taillée pour le combat, elle était la sculpture type d'un Shadow. Entraînée comme tel depuis son plus jeune âge - et plus encore de par le biais de son statut - la jeune femelle avait développé une musculature digne des plus puissants mâles fires ou winds.

A chaque pas, ses muscles puissants roulaient sous sa fourrure, dans une parfaite harmonie. Sa tête haute et son port altier ne trompaient pas. Myosotis était une meneuse. Et plus que jamais, elle était belle. Parce que Zarys la faisait rayonner de tout son être. Et elle était véritablement heureuse. Parce qu'elle n'était plus seule. Désormais, le grand mâle l'aiderait. Il la rendrait plus forte qu'elle ne l'avait jamais été, car Myosotis vait désormais une raison de se battre. Quelque chose à protéger. Lui.

Bien sur, Zarys était aussi puissant qu'elle, et il faudrait un adversaire de belle taille pour qu'il soit seulement en danger. Mais à deux, ils triompheraient. Car rien ne pourrait jamais les arrêter. Personne n'était en mesure de faire barrière au règne qui venait. Pas même Sharka et Morrigan réunit. Ils étaient jeunes. Ils étaient forts. Ils étaient un. Et plus que quiconque, ils étaient intimes. Par le biais d'un lien si intense qu'il ne se briserait pas. Pas même lorsque l'un de deux quitteraient les terres du Kô, c'était une certitude que la louve avait acquis au fur et à mesure.

Alors, tandis qu'elle marchait vers le centre du Camps, son grand mâle à ses côtés, elle souriait. Parce qu'elle songeait à ce que l'avenir promettait. Elle songeait à sa mère, aux traces dans lesquelles elle posait les pattes, comme sa mère il y a des Lunes. Mais elle songeait surtout que, désormais, tout allait changer.

[Désolé, j'étais vraiment pas très inspirée :'(]

Il la regardait, ses yeux arc-en-ciel remplis d’une joie non dissimulée. Elle débordait littéralement de joie, et il le voyait autant qu’il le sentait. Lui-même rayonnait de cette envie de crier au monde à quel point il était heureux. Toute l’affection et l’amour qu’il avait toujours eut pour Myosotis, s’étaient sublimés en un seul sentiment aussi unique que puissant. Comme une véritable explosion, un feu d’artifice qui part dans tous les sens et arbore mille et une couleur. Oui, c’était exactement cela. Le ventre, et l’être tout entier de Zarys pétillait. D’une force qu’il n’avait jamais connu auparavant. Jamais, plus jamais, il ne sous estimerait le pouvoir d’un tel sentiment. Autrefois, il se moquait ouvertement des amoureux transis.

Désormais, ce ne serait plus le cas. Mais Zarys se doutait bien que ce qu’il partageait avec Myosotis, était bien plus fort et puissant qu’un simple coup de foudre, ou un amour aussi démesuré soit-il. Bien peu de loups semblaient avoir la chance de vivre un tel phénomène, et cela rendait l’ancien vagabond d’autant plus ravi. Et lui faisait apprécier chaque moment qu’il passait en compagnie de Myosotis… Sa compagne. Oui, il pouvait se le dire, le dire aux autres, le dire au monde. Myosotis était sa moitié. Son âme sœur.

Jamais Zarys aurait pu penser qu’il dirait quelque chose d’aussi niais. Et pourtant, c’était en train de se passer. Plus jamais il ne sera seul, plus jamais il ne sera triste. La vie lui souriait enfin, cette fourbe qui lui avait tout pris depuis sa naissance. Elle se montrait enfin clémente. Peut-être le laisserait-elle tranquille désormais. Il l’espérait. Il avait trop perdu pour qu’on lui prenne encore.

Ils arrivèrent au campement des Shadows. Sa futur meute, sa future famille. Il se tenait fier, et droit, et lorsque sa compagne s’arrêta vers le centre de leur camp, il lui frotta la joue du bout de son museau. Un petit geste très tendre, mais à la fois possessif. Montrant à tous que personne, sinon Elle, n’avait le droit de le chasser. Que personne n’avait le droit de le juger. Et qu’il avait la protection de Myosotis, tout comme Elle avait la Sienne.