Que fais-tu ?

Le soleil me caressa doucement le pelage tandis que je sortais de la Tanière des Protecteurs, encore un peu endormi. Je baillais, m'arrêtais près d'un autre loup qui faisait sa toilette et fis de même. Dans mes poils s'étaient emmêlés plusieurs petits débris de mon lit de mousse. J'entreprenais de les enlever. Une fois mon pelage lustré, il brilla sous l'astre qui chauffait déjà. Avant de me lever, je m'étirais longuement et me dirigeais vers le Tas de Gibier. Je fus déçu de voir qu'il était presque vide. Je lui tournais donc le dos, à contrecoeur. Mon ventre gargouilla, mais je dus le satisfaire de quelques gouttes d'eau que j'allais lapée dans une flaque non loin du Buisson des Louveteaux. Je me posais à mon endroit fétiche, attendant que Sharka organise les patrouilles de chasse, mais j'avais beau fixer impatiemment l'Antre de la Meneuse, elle n'en sortie pas, à mon grand regret. J'attendis donc seulement que la Patrouille de Nuit revienne pour sortir à mon tour, seule. Mon ventre criait famine, je me mis donc à courir en direction du Sentier Herbeux, où le gibier abondait en cette saison pourtant froide.

En route, je m'arrêtais pour humer l'air. Je sentis une alléchante odeur de lapin. Sans attendre, je me plaquais au sol, l'arrière train levé vers le ciel, la position du chasseur en l'occurrence. Une fois le petit animal repéré, j'avançais à pattes de velours pour enfin lui bondir dessus et lui briser la nuque d'un coup de crocs maitrisé. Je faillis le manger, succomber à la tentation, mais je sus me retenir et n'en fis rien. Je l'enterrais plutôt non loin de là, sous des feuilles mortes et repartais en marche. Ensuite, les arbres se découvrirent pour laisser place à des champs et des collines verdoyantes qui brodait la montagne. Je respirais l'air pur et frais qui vint ébouriffer ma fourrure couleur de feu. Fermant les yeux un instant je me serais cru dans un rêve. Mais non, je m'en rendis compte en les rouvrant. Je marchais dans l'herbe fraiche encore nimbée de rosée du matin, car l'orée de la forêt plongeait encore le bord de la colline dans l'ombre de la nuit. Les petits gazouillis des oiseaux joyeux et le souffle du vent dans les feuilles des arbres me firent frissonner. Tout paraissait si calme, comme si tout était parfait. Un bruissement me fit sursauter.

« Y a quelqu'un ? »

Les crocs à découverts, je levais la truffe vers le ciel, cherchant une odeur intruse, et le pire, c'est que j'en détectais une. Je ne sus la définir avec précision, mais je savais que c'était un loup, mais pas des Fires. Je savais pertinemment que nous étions en Territoires Neutres, mais je n'avais aucune envie de me battre, car j'avais beau ne pas être trop blessé par la guerre qui se profilait en moment, mes blessures me faisaient toujours souffrir. Un craquement me parvint depuis la forêt. Je reculais de quelques pas en direction de la falaise qui montais à pic. De toute manière, envie ou pas, je me battrais si besoin est, car fuir ne faisait pas parti de mon vocabulaire. Déglutissant, j'ouvris de grand yeux en découvrant la louve qui sortit d'entre les arbres.

Que fais-tu ?

Tandis que je m'impatientais et me demandai si ce n'était pas tout simplement une feuille ou un oiseau, une magnifique louve blanche immaculée, aux yeux d'un bleu limpide et profond sortit d'un buisson, calme et sereine, marchant vers moi d'un pas lent. Je mis quelques secondes avant de reconnaître l'Alfa de la Meute des Shadows, Alaska. Elle s'arrêta devant moi, me fixant de son regard azur. J'attendais qu'elle parle, mais elle ne fit rien, restant simplement immobile, à m'observer. Je levai les yeux au ciel avant de dire d'une voix neutre :

« Bonjour Alaska. Je suis Fallen, Protecteur des Fires. Que viens-tu faire ici ? »

Sans vraiment le vouloir, ma voix était sèche et dure, mais ce n'était pas mon intention... Enfin je crois... Car une guerre était tout de même en train de se dérouler entre nos deux Meutes, alors, terrain Neutre ou pas, se battre serait normal, mais je n'avais tout de même aucune envie qu'un combat se déclenche... J'attendais maintenant sa réponse, mais elle semblait passive, comme muette ou sourde à tout ce que je faisais. Je commençais à m'impatienter, et partir pour passer mon chemin n'était pas l'envie qui me manquait.

[C'pas grave ^^ Désolée super court mais je peux pas faire autrement, tu fais rien je ne veux pas « Jouer » ton perso (:]

Que fais-tu ?

Je vis une lueur de colère briller dans ses yeux devenus glacial. La tête haute, je soutins sont regard plein de haine, mes pattes trépidant sur le sol herbeux. Je déglutis. Je sentais la réplique singeante arriver. Qu'allait-elle encore me reprocher ? D'être un Fire ? Surement. Mais peu m'importais, si je devais me battre, je le ferais, quelque soit mon état.

« Je me fiche de qui tu es. Qui plus est si tu est un fire. Et de quel droit te permet-tu de me demander ce que je fais ici ? En tant qu'Alpha, ce serait plus à Moi de te le demander, et en plus, ce sont des Territoires Neutres, tu n'as aucunement le droit de me poser cette question ! »

Je sentis un élan de fureur monter en moi, le sang brulant dans mes oreilles. Les poils s'étaient hérissés sur ma nuque et je plaquai mes oreilles contre ma tête, découvrant peu à peu mes crocs tranchants. La respiration forte, j'observais l'Alpha. Elle n'avait pas l'air en grande forme elle non plus, mais peut-être un peu plus que moi... Mais l'envie de lui sauter à la gorge était trop forte. Je me retins tout de même juste le temps de répliquer :

« Visiblement je vois que cette guerre ne t'as pas réussi. Toujours aussi... Arrogante ! Etre polie est trop te demander ? J'essayais justement de l'être face à ma supérieur, même adverse, mais visiblement, tu ne me prends pas au sérieux. Pas de problème. »

Sans prévenir, je bondis et raterais sur le dos de mon ennemie. Elle fléchit les pattes sous l'impact mais ne fit rien d'autre, se secouant dans tous les sens pour me faire tomber. Plantant mes griffes dans sa peau, je basculais tout de même sur le sol. Retombant sur mes pattes, je m'accroupis, le ventre contre l'herbe verte, feulant de rage, mes yeux lancent des éclairs.

Que fais-tu ?

« Tu oses ? J'ai toujours été comme ça, et tout le monde le sait, sauf les imbéciles ! Crois-tu que je sois une Shadow pour rien ? Croyais-tu que je serais aussi gentille qu'un Wind ? Ou n'as-tu pas assez de cervelle pour réfléchir ? Je devrais te punir pour ce que tu viens de faire, mais je te laisse une chance de t'en aller... Va t-en... »

Ses yeux lançaient des éclairs, et la fureur pouvait se lire dans son regard d'un bleu glacial. Quelques gouttes de sang coloraient à peine son pelage immaculé. Sous son pelage, j'aurais cru voir ses muscles trembler pour se contenir de ne pas me sauter à la gorge. Je me détendis légèrement, voyant qu'elle réussirait à ne pas craquer. Je déglutis en feulant. Je n'avais aucune envie de partir, et ce n'est pas elle qui m'en empêcherait. D'une voix sans appel, je dis.

« Non. »

Je levais la truffe au ciel et poussais un long hurlement. Non pas pour déclencher mon pouvoir, mais pour tout simplement lui prouver que j'étais près à me battre, et j'étais maintenant sur qu'elle le savait. Le combat serait dur, mais j'avais un honneur à respecter. Je dis tout de même avant que cela commence :

« Tu n'as aucun droit sur moi, et encore moins dans cet endroit. Seul Sharka peut me donner des ordres. Tu n'es peut-être pas une Shadow pour rien, mais je ne suis pas un Fire pour rien non plus. Viens, j't'attends. »

D'un claquement de crops, je fléchis mes pattes et bondis une seconde fois. Mais Alaska l'avait prévu et m'esquiva allègrement, retombant quelques mètres plus loin, me regardant d'un air de défi. Une fois aussi au sol, je me tournais pour lui faire face.

Que fais-tu ?

Ce fut à son tour de pousser un long hurlement, puissant. Il était typique de la Meute des Shadows, sombre, sinistre, sans écho. Je haussai un sourcil et déglutis, attendant que ce long râle se termine enfin. Une fois le silence revenu, elle bondit sur moi, mais trop vite pour que je puisse l'esquiver. Elle me renversa sur le flanc avant de sauter sur le coté, prête à se défendre. La respiration coupée pendant quelques secondes, je repris rapidement mes esprits, me relevai d'un bond, et avançais vers elle, lentement.

Les crocs a découvert, grognant, nous nous faisions face. J'ignorais qui allait sauterai en premier. Toujours sur mes gardes, je jetai un coup d'oeil alentours, sans pour autant me déconcentrer. Revenant sur la louve blanche comme neige, je sautais enfin sur elle, écartant le plus possible mes pattes. C'était une technique que nous avions inventé, Hope et moi, lorsque nous étions petits. Cela permettait, de sorte que même si l'ennemi esquivait l'attaque, que les griffes touche tout de même une partie du corps. Ce fut l'épaule d'Alaska qui fut griffée. Le sang s'en échappa immédiatement, se répandant sur le sol herbeux.

Je l'entendis grogner tandis qu'elle regardait l'étendue des dégâts. Pas grand chose, une petite égratignure, mais cela prenait des proportions démesurées sur son pelage immaculé, car le rouge vif tachait sa belle fourrure.

Que fais-tu ?

Au fond de ses yeux bleus glacial luisaient la rage et la détermination propre à l'Alpha face à moi. Je savais presque avec certitude que je ne gagnerai pas ce combat, mais pour l'honneur de mon Clan et de moi-même, je devais me battre. Tandis que j'étais perdu dans mes pensées, je revins à la réalité lorsque je la vis se ramasser sur elle-même. Elle s'élança d'un seul coup dans ma direction : Je l'esquivais d'un saut sur le côté, mais elle pivota et m'attrapa la peau du flanc avec ses crocs. Mais dents calquèrent sous la douleur. J'aperçut le sang gicler sur mon pelage et sur l'herbe devenue rouge vif. En redressant la tête, elle ajouta d'une voix sans appel :

« Tu sais que tu n'as aucune chance contre Moi, alors pourquoi insister ? Je te laisse une dernière chance. Va t-en. »

« Tu connais les raison de mon insistance aussi bien que moi, et je sais que tu ferai pareil si tu étais à ma place, alors pourquoi toujours me poser cette question. Je résisterai de toute manière. »

Je me mis à feuler en montrant les crocs. Je léchai ma plaie avec précaution avant de reporter mon attention sur mon adversaire. Haletant, une vision de Jenny me revint, et pendant une seconde, la mélancolie s'empara de moi, mais je repris vite mes esprits. Je fis mine de regarder ailleurs, comme de me désintéresser de ce combat, pour me mettre à courir le pus vite possible droit sur la louve et au dernier moment, bondir au dessus d'elle et lui arracher un pan de son oreille, malgré son esquive maitriser qu'elle venait d'effectuer.

Que fais-tu ?

Dans ses yeux brillaient une rage que je n'avais jamais vu chez personne d'autre avant elle. Le sang coulait abondemment de son oreille et les crocs à découverts, elle avait vraiment l'air de vouloir me tuer... Feulant tandis qu'elle réfléchissait, elle se mit à cracher d'une voix glaciale :

« Ne te compare pas à Moi. Jamais. Tu ne connais que mon nom, et cela ne représente rien. Et cette oreille, tu n'avais pas le droit d'y toucher. »

Je pris la peine de lever les yeux au ciel. Jamais je n'avais vu louve plus féroce, mais je n'en avais jamais vu de plus prétentieuse non plus. Sans prévenir, alors que je soupirai, elle bondit vers moi, et sans que je puisse l'éviter, m'attrapa la peau entre le cou et les épaules et y planta vivement les crocs. La douleur m'envahit alors qu'elle m'envoyait valser. La souffrance qui s'ensuivit fut telle que je crus que mon coeur allait lâcher. Le coup violent que je venais de recevoir m'avait presque fait perdre connaissance, mais je résistais, secouais la tête et me relevais péniblement. Tentant de mettre une patte devant l'autre, je marchais difficilement dans sa direction. Je lui crachais à la figure en disant :

« De quel droit oses-tu dire ca ? Tu n'en a aucun en ces lieux. »

Baissant la tête comme pour me rabaisser, je fixai un instant le sol, comme pour lui prouver que je me soumettais. Mais d'un coup vif et maitriser, dans un dernier élan, la douleur me broyant l'épaule, j'envoyais ma patte avant droite en l'air, la griffant de plein fouet sur son oreille déjà amochée.

[ Pas de problème 8D Et moi ça va ? :3 ]

Que fais-tu ?

A peine lui avais-je amoché un peu plus son oreille sanguinolente qu'elle poussa un hurlement féroce et pur. Je n'en avais jamais entendu de plus puissant. J'avais entendu d'Alaska beaucoup de rumeurs, comme celle qu'il n'y avait pas meilleure combattante qu'elle et qu'il ne valait mieux pas se mesurer à elle, et je comprenais maintenant pourquoi, mais je laissais ces légendes dans un coin de ma tête pour me concentrer sur ses paroles.

« Qu'ai-je dit que tu juge indécent de ma part ? Que tu n'avais pas à te comparer à Moi ? Que tu n'avais pas le droit de toucher à mon oreille ? Ce n'est pas indécent. C'est la vérité. Tu n'as aucun droit physique sur Moi, pas plus que tu n'as de droit sur mes paroles. A part mon nom et mon rang, que connais-tu de Moi ? Mon Histoire ? Mon opinion ? Non ! Tu ne connais rien de Moi, alors je t'interdis formellement de te comparer à Moi. Tu n'es pas comme Moi. Personne n'est comme Moi. Aucun loup n'est semblable, et encore moins Toi. »

La tête me tournait, je commençais à voir flou, et le sol était couvert de sang, plus du mien que du sien. Jé déglutis, la fixant de mes yeux lançant des éclairs. N'avait-elle que cela à la bouche ? Ce moi ?! Je n'avais pas entendu la rumeur que l'Alpha est d'un égoïsme sans égal, mais je ne manquerai pas de la lancer si j'en réchappai vivant. Mais alors que je divaguais, elle me bondit dessus, me plaquant sur le sol. La respiration coupée par le choc, je toussotais, étourdi. Ses crocs se trouvaient à quelques centimètres de mon museau. Mes membres étaient immobilisés par les siens, j'étais impuissant. Je ne fis que lui cracher une fois de plus au visage en feulant :

« Tue moi. Vas-y. Mais sache que si tu m'ôtes la vie, sache que tu en subiras les conséquences. Je serai mort en combattant, et souviens toi que Sharka me vengera. »

Elle était si proche de moi que je pouvais sentir son souffle chaud sur mon visage. Je passais la langue sur mes babines. Une goutte de sang de son oreille tomba sur ma joues. Je secouai légèrement la tête avant de plonger mes yeux ambrés dans les siens. Toute la haine pouvait s'y lire. La souffrance était insoutenable, mais une image, un flash me revint. Jenny, forcent sur ses dernières forces pour arriver au camp après l'attaque du Grizzly. J'avalais ma salive. Je mourrai pour elle s'il le fallait, et dans un élan de force et de colère, je rugis et griffais le ventre de mon adversaire à l'aide de mes pattes arrières. Elle se cabra sous la douleur et me laissa donc le temps de rouler sur le côté. Bondissant sur mes pattes, je la raillais :

« Je ne suis pas Protecteur pour rien. J'ai été initié à l'art du combat toute ma vie. »

[ Wasaï 8D ]

Que fais-tu ?

« Que Sharka te venge m'est bien égale, puisque je n'attend qu'elle. Qu'elle vienne me voir pour se battre serait la meilleur chose qu'elle est jamais faite pour Moi. »

Je voyais dans ses yeux que la haine et la colère s'en allait, pour laisser place à un sentiment plus profond, qui venait de loin, et l'amertume se lisait sur son visage. Sa voix rêche raclait sa gorge sèche, et mes blessures me faisaient atrocement souffrir. D'un tout toujours aussi dur et rauque, elle dit :

« Comment crois-tu que j'en suis arrivé là ? L'Art du combat, c'est tout ma vie aussi. Je n'ai fait que ça depuis que je suis toute petite. Je ne connais que ça, parce que la Vie ne m'a rien laissé d'autre. Je n'avais pas six Lunes quand j'ai perdu ma mère, quand j'ai été rejetée par mes plus proches amis, et quand je me suis retrouvée seule. Seule, dans un Monde que je ne connaissais pas, mais que je haïssais déjà. La Mort est un échappatoire, Fallen, et je ne vais pas te faire le plaisir de te laisser t'enfuir aussi facilement. Ce serait trop facile. La Mort est sans doute la meilleure chose qui puisse nous arriver à tous, et je ne vais pas te la donner, parce que je n'en ai aucune envie. Mais donne la Moi si tu veux. Ou du moins essaye, puisque je n'y arrive pas Moi-même. »

Je soupirai tant cette louve m'exaspérerait. En quelque sorte, nous nous ressemblions. Nous avions perdu toute trace d'amour ou d'amitié extrêmement jeune, et nous étions retrouvés seuls dès le plus jeune age. Mais une chose nous séparait d'un grand trou béant d'ailleurs. J'avais enfin trouvé quelqu'un sur qui compter, quelqu'un que je pourrais aimer, et l'envie de mourir qui me taraudait autant qu'elle avant de rencontrer Jenny s'était envolée. Je crachai :

« Ne commences pas à devenir sentimentale avec moi, tu crois que tu es la seule à avoir vécu ça ? Détrompes toi. Te tuer ? Ce n'est pas l'envie qui me manque. Mais je ne le ferais pas. Je préférerais largement te voir mourir sous les crocs de ma chef, pour savourer le plaisir à distance. »

Sans attendre de réponse de sa part, je m'en retournais. Je remarquai que mes babines étaient retroussées et que je grognai. J'avalai ma salive, sentant son regard de glace posé sur moi. Qu'allait-elle dire ?