[Je test à la première personne aussi pour voir :3]

Déambuler, marcher, courir. Essayer d'oublier, par tous les moyens. Mais aucun ne marche. Pas que c'est ainsi, et qu'on n'est pas censé oublier ses erreurs aussi facilement. Je le sais. Je l'ai toujours su. J'ai toujours payés très chèrement mes erreurs, quand d'autres ne voient même pas en quoi ils se sont trompés. Cette guerre était une mauvaise idée. Comme toute ma vie. Après avoir tué Asaï, j'aurais du partir. Quitter ces Terres qui n'étaient pas faites pour Moi. Laisser ma place à quelqu'un de plus respectable, de plus intelligent. J'aurais du fuir, partir loin, pour ne plus revenir. Vivre en solitaire, loin de toutes autres Meutes. Et ne plus penser. Mais c'était impossible. Parce qu'un jour j'avais fait un choix, ma vie s'en retrouvait toute tracée, sans moyen de sortir de la route. Sans moyen discret, qui ne cause pas de dégât. Car en sois, rien ne m'empêchait de partir. Tout abandonner, tout laisser là. Mais je ne peut pas. Parce qu'il y a Whitefang, Myosotis, Aloe, Reiko, Kilio, Imalys, Jewel, Kenoa, et tant d'autres. Tant d'autres à qui je suis redevable. Des erreurs, j'en ai fait. Beaucoup.

Mais celle que j'ai faite, je n'aurais pas du la faire. Elle m'a détruite. Elle a tout changé. Et je n'étais pas prête. Tout était déjà difficile avant. Mais maintenant cela devient intenable. J'ai l'impression que ma tête va finir par éclater. Tant de pensées s'y bousculent, de sentiments contradictoires. Mais je dois tenir, pour Whitefang. J'ai promis. Alors, presque en permanence, je renfile mon masque. Celui que j'ai enfilé pendant tant d'année. Un peu moins dure, peut-être. La vieillesse, à n'en pas douter. Je me suis assagit. Je suis plus patiente, plus tolérante aussi. Je ne suis plus aussi sanguinaire qu'avant. Moins froide. Mais ce n'est qu'une façade, au fond. Et seul Whitefang le sait. J'aime ma Meute, et passer du temps avec eux me fait plaisir, mais ce n'est rien comparé à la douleur que je ressent dans mes moindre instant de solitude. A ce moment là, mon masque fond, pour dévoiler les cicatrices que m'a laissé la guerre. J'ai changé. Je suis redevenue ce que j'ai toujours été, avant que la vie s'en prenne à Moi. Je suis Moi, et cela fait bien longtemps que je ne l'avait pas été. C'est comme si une énorme vague avait tout emporté, pour ne laisser que ce qui était le mieux caché. Ma véritable nature.

Mais personne ne sait. Personne ne connaît cette façade. Cette vraie nature. Sauf quelques loups, qui m'ont trouvés lors de mes périodes les plus douloureuses. Seuls eux savent que je ne suis pas vraiment l'Alpha des Shadows, sanguinaire et glaciale. Seuls ceux que j'ai épargnés savent. Parce que mon autre moitié à éliminé tous les autres.

Un loup blond. Je l'aurais reconnu entre tous, pour l'avoir épargné plus d'une fois. Cependant, les souvenirs que j'ai avec lui sont profond, parce que plein de sagesse. Lui, comme peu d'autres le font, ne me considère pas comme une bête. Il connaît ma vraie nature. Parce que je l'ai épargné. Qui d'autre ? Jenny, Fallen peut-être. Ils se comptent sur les griffes d'une patte. Parce que je n'ai pas réussis à retirer mon masque avant de tuer les autres. Ces autres qui me hantent chaque nuit. Ces autres que je revois, baignant dans leur sang, leurs yeux pleins de supplication, ou de haine. Parce que je ne leur ai pas laissé le choix. Je suis un monstre. En partie. Et j'ai beau essayer de ne plus l'être, je sais que beaucoup me considèreront comme tel toute ma vie. Ma vie...Elle s'achèvera bientôt, je le sais. La flamme qui vacille en Moi s'éteint. Elle s'éteint, comme l'envie de vivre, comme mes pensées, comme mon Cœur et mon Âme.

Alors je m'approche. Doucement. Je ne lui ferais pas de mal. Je n'en ai jamais eu l'intention. Il s'est juste mis en travers de ma route, et je sais pourquoi. Je ne peux pas lui en vouloir, j'aurais fais la même chose pour mon si fidèle compagnon. Pourtant, il a retardé ma rencontre avec Sharka. Mais ce n'est que partie remise. Je sais que le jour viendra, alors j'attends. Comme en cet instant précis. Il m'aurait été facile de lui sauter dessus et de le tuer, il ne m'a même pas senti. Pourtant, je ne le ferais pas, cela me rebute. Pourquoi tant de violence et de haine ? Pourquoi ? A cause d'Asaï. Parce que ma vie à été ruinée avant même d'avoir commencée. Parce qu'on m'a tout pris alors même que je n'avais pas six Lunes. Je n'ai rien fait, et pourtant on m'a puni plus que certains meurtriers. Je hais les Ancêtres, et je ne crois plus en eux, mais cela ne m'empêche pas de croire en ma destinée. En ma fin. En ce que je choisis de faire.

Est-il hanté, lui aussi, par tant de souvenirs sanglants ? Par ce sang répandu, par ces loups abattus, blessés ? As t-il peur ? Regrette t-il ? Je n'en sais rien. Mais je sais que moi, je regrette. Tout. Du début, à la fin, mais c'est trop tard. Je ne peux plus rien changer. Je sais que je ne suis sans doute pas la seule responsable, mais pour autant, cela n'allège en rien mes blessures, mes douleurs, mes regrets. Ma voix est profonde, mais dénudée de haine ou de colère quand je m'adresse à lui. Elle est simplement chargée de regrets.

« Les vois-tu, Toi aussi ? Ces loups que tu as tués, que tu as blessés, reviennent-ils te hanter, Kinhan ? »

Il se retourne. Ses yeux violets se posent dans les miens, glacés. Comme mon cœur. Comme Moi. Il s’assoit. Pas moi. J'ai trop de pensées qui s'agitent, trop de sentiments en tête pour pouvoir me poser. Et même si je reste immobile, je ne veux pas m'asseoir.

- Tous ces loups… Je n’ai tué que pour ne pas me faire tuer… mais c’est déjà un geste égoïste, tu ne crois pas ? Tous ces loups déformés par la haine… Est-ce vraiment nous qui leur avons pris leurs vies, ou bien la guerre elle-même qui s’en est chargée ? Ce sont tous ces amis que je n’ai pas pu sauver qui me hantent. Et toi…. Comment vas-tu ?

Tuer pour survivre, ou vivre pour tuer, quelle différence ? Énorme. Auparavant, la chose ne m'avait pas effleuré. Mais maintenant, la différence me pèse. Comment ai-je pu assimiler les deux ? Les premiers font preuves d'instinct de survie. Les deuxièmes de sauvagerie et de brutalité. Desquels fais-je partie ? Aucun, peut-être. J'aimerais y croire. Je ne fais plus partie d'aucun groupe. Je ne suis déjà plus vraiment là, au fond. Peu m'importe ce qui m'arrive, puisque j'ai déjà survécu à tout. Comment lui expliquer ?

Je le regarde. J'essaye de voir. Comment porter le poids de ses actes, quand ils vous dégoûtent ? Comment continuer d'avancer en étant dévoré par son passé ? Kinhan est sage. Je sais qu'il est dans le même état d'esprit que moi. Je sais qu'il est le bêta de Morrigan. Elle l'a bien choisis, comme je pense avoir bien choisis Jewel. Tous deux sont sages. Peut-être plus que n'importe qui. Sages et braves.

« Que ce soit Moi qui les ai tué, ou la Guerre, il n'y a pas de différences. J'ai provoqué la guerre. j'ai provoqué leurs morts. Je les ais tués, même indirectement. »

Je baisse la tête. J'ai honte, tellement honte. Qui suis-je ? Je ne le sais plus vraiment. J'ai l'impression de vivre en suivant un loup, une masse de chair vide de tous sentiments, exceptés les regrets et les remords, la honte, la peine.

« Qui suis-je, Kinhan ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Le passé me rattrape, et je ne peux rien faire. J'ai mal, Kinhan.»

Tu te sentis si bête et si crétin d'avoir posé cette question.

Comment pourrait-elle aller, d'après toi ? Mal évidemment. Quelle question ! N'importe quel loup, aussi Shadow, Wind ou Fire soit-il aurait compris une telle chose. Décidément, en vieillissant, Tu en perds vraiment tes mots, et c'est le cas de le dire... La guerre t'a-t-elle ôté l'envie de poésie ? As-tu compris que les mots, tout aussi forts, justes, et galvaniseurs soient-ils, ne peuvent pas éviter toutes les guerres du monde, ni même empêcher tes proches de mourir. Les mots sont importants, certes, mais pour toi, ils ont perdu de leur éclats. Toi qui adorais parler juste pour entendre la douce mélodie des voyelles et des consonnes qui se bousculent, et qui dansent ensemble, tu ne les considère plus désormais que comme des instruments de langage.... Comme c'est dommage, un loup cultivé comme toi.... Mais, c'était comme si, en perdant cette partie de toi même, le loup poète amoureux des rimes, tu avais aussi perdu cette naïveté qui te rendait si vulnérable aux yeux de tous ces combattants.
Tu deviens vraiment insortable, toi. Insortable, et manquant terriblement de tact.... J'ai presque honte, là...
Alaska, elle est si indulgente.... C'est une louve aussi brisée que toi par la guerre, si ce n'est plus. Elle est fière, et même dans l'adversité, garde la tête haute. Le poids de ses regrets se reflète dans ses deux yeux bleus cyan, aussi profonds et tourmentés d'un océan après la tempête. Qu'une Alpha après une guerre qu'elle a perdue. Elle ne s'assoit pas, pas comme toi. Elle ne peut pas, et semble si tracassée... Je t'en prie Kinhàn, soit intelligent, et fais quelque chose pour la réconforter.... S'il te plait... Pour elle....

La chef des Shadow, d'ailleurs, finit pas soutenir ton regard, et parle d'une voix lente, mais si affectée par son passé.
"Que ce soit Moi qui les ai tué, ou la Guerre, il n'y a pas de différences. J'ai provoqué la guerre. j'ai provoqué leurs morts. Je les ais tués, même indirectement."


ça y est, elle baisse la tête... Bravo Kiki, tu as bien réussi ton coup, là... Tu me fais vraiment honte.... Tu as connu l'enfer, mais elle a connu bien pire. Tu ne te souviens pas que c'était elle qui l'avait déclenché, cette bataille ? Sous l'influence d'Anthos, ce vaux-rien, cette brute qui ne criait qu'au sang, à la violence, et la guerre... Lui qui ne jurait que par la vendetta et les sang.... C'était sans doute plus sa faute que celle d'Alaska.

Elle poursuivit, d'une voix étrange:
" Qui suis-je, Kinhàn ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Le passé me rattrape, et je ne peux rien faire. J'ai mal, Kinhàn."


Tu plisses les yeux, envahis par le regret de tes paroles et du fardeau que porte Alaska sur ses épaules qui semblent désormais si frêles. Une larme coule sur ton long museau doré salis pas la poussière et les pleurs. Tu ne sais pas quoi dire, alors tu n'ajoute rien. Tu penses, et tu réfléchis, parce qu'au fond, tu sais que c'est la meilleure chose à faire. Commettre encore une boulette, et cela te discréditerait auprès de tout le monde. y compris de moi. Surtout de moi. Tu n'as pas le droit à l'erreur, Kinhàn. Choisis bien tes paroles, parce que je ne te louperai pas.

Tu réfléchis encore quelques secondes, avant de finalement prendre la parole. Je serais curieuse de savoir que que tu vas nous pondre, tu sais.

"Alaska... Tu n'as pas à prendre entière responsabilité du déclenchement de cette guerre.... Toi, comme moi, comme nous tous, savons qu'Antos était celui qui a mis le feu aux poudres... Regardes, avant son arrivé, les relations entre les meutes étaient certes tendues.... Mais pas de là à se battre pour les terres du Kô."


Tu soupires.  J'attends une suite. Alaska aussi. Elle, et moi, nous savons que tu n'as pas fini de parler. Tu regardes le ciel comme si tu pouvais percevoir les auras de tous ces loups morts au combat. Tu soupires encore, puis te tourne finalement vers Alaska.

" Anthos nous a tous manipulé. Ce n'est glorieux à avouer pour personne, mais c'est un fait. Il était plein de hargne, et d'envie de vendetta.... Et toi qui avais aussi envie de te venger pour toutes les injustices que tu as vécue pas le passé... Oh, je ne sais pas grand chose de ton enfance. Mais l'Ermite m'a fait part des grandes lignes, quand j'ai voulu mieux te comprendre, après la bataille. "


Tu as un sourire triste, mais sincère quand tu achèves:

" On a tous envie de justice, Alaska. Qui tu es ? Une louve empreinte de liberté et d'honneur, prête à aller au bout de tes principes. "

Tout est si trouble. Tout est flou. Rien ne semble réel. Peut-être n'est qu'un songe. Peut-être que ce que je vis actuellement n'a jamais été. Ce serait si beau.

« Alaska... Tu n'as pas à prendre entière responsabilité du déclenchement de cette guerre.... Toi, comme moi, comme nous tous, savons qu'Athos était celui qui a mis le feu aux poudres... Regardes, avant son arrivé, les relations entre les meutes étaient certes tendues.... Mais pas de là à se battre pour les terres du Kô. Anthos nous a tous manipulé. Ce n'est glorieux à avouer pour personne, mais c'est un fait. Il était plein de hargne, et d'envie de vendetta.... Et toi qui avais aussi envie de te venger pour toutes les injustices que tu as vécue pas le passé... Oh, je ne sais pas grand chose de ton enfance. Mais l'Ermite m'a fait part des grandes lignes, quand j'ai voulu mieux te comprendre, après la bataille.»

Si seulement. Mais c'est bien plus que ça. Au fond, l'idée d'une guerre a toujours été présente en Moi. Athos était simplement un prétexte. Comment ai-je pu simplement accepter de l'écouter ?

« On a tous envie de justice, Alaska. Qui tu es ? Une louve empreinte de liberté et d'honneur, prête à aller au bout de tes principes. »

Mes principes ? Quels sont-ils, au juste ? Je ne sais plus. Peut-être que je n'ai jamais su. Dans ma jeunesse, je prônais la liberté, la liberté, c'est vrai. Mais jusqu'où étais-je prête à aller pour les faire valoir ? A tuer des loups, à les massacrer ? A balayer sans pitié ceux qui se dressaient sur ma route ? Cela n'en valait pas le prix. Et je le paie aujourd'hui. Je ne sais plus quelles valeurs prôner, puisque je ne sais plus qui je suis. Si, je sais. Je ne suis plus rien. Et je ne prône plus aucune valeur, pas plus que je ne vis encore.

« Justice. Il n'y a pas de justice sur ces Terres, Kinhan. Nous jugeons tous les autres, mais aucun de nous ne la fait réellement. J'aurais déjà payé pour mes crimes. S'il y avait une quelconque justice, la vie m'aurait été ôtée depuis bien longtemps. Pourtant je suis encore là »

Peut-être qu'au fond, il y en a tout de même une. Que personne ne contrôle. Qui provient de quelque chose d'autres.

« Il y en a peut-être une. La plus juste qui puisse être. Et si elle existe réellement, et que je souffre autant, alors c'est que j'ai mal agit, et que je dois payer. Je suis responsable.»

J’aurais presque cru que tu y arriverais, Kinhàn. Tu sais, j’avais mis pas mal d’espoir en toi, en ce qui concerne la facilité de parler avec les autres. Il faut croire que tu as beaucoup perdu… Oh, et puis, Alaska est une sacré oratrice aussi, elle. Ce n’est pas une Alpha pour rien, tu peux me croire. C’est une louve solide, et certainement bien plus à l’aise avec les mots que toi. C’est son métier, après tout.

Sa voix, d’ailleurs, semble pensive lorsqu’elle te répond.
« Justice. Il n'y a pas de justice sur ces Terres, Kinhàn. Nous jugeons tous les autres, mais aucun de nous ne la fait réellement. J'aurais déjà payé pour mes crimes. S'il y avait une quelconque justice, la vie m'aurait été ôtée depuis bien longtemps. Pourtant je suis encore là »

Non, pas forcément. Kinhàn, si tu n’as pas d’exemples pour la contredire, moi, j’en ai. Tu sembles perdu dans tes pensées, à ton tour. Vers quoi ton esprit t’emmène ? Où es-tu ?

Elle ne te laisse pas le temps de chercher plus loin. La louve blanche continue, comme si elle avait trouvé seule la réponse à la question qu’elle semblait se poser. Que tu semblais te poser, également.
« Il y en a peut-être une. La plus juste qui puisse être. Et si elle existe réellement, et que je souffre autant, alors c'est que j'ai mal agit, et que je dois payer. Je suis responsable.»

Tu fronces les sourcils. La voir ainsi te rend tout chose, et un vague sentiment de tristesse t’habite désormais. Tu ne veux qu’une chose, lui faire oublier ses misères. Lui montrer qu’elle n’est pas si mauvaise que cela.

« Alaska… Tu vois tes crimes comme une cause de ton tourment… Je les verrais plutôt comme une conséquence. »


Euh, pas sûre d’avoir tout suivit, là. Alaska, à l’aide ?
Il faudrait que tu arrêtes de parler en message codé, là. Parce que seul toi semble comprendre tes paroles, et il serait une bonne idée de développer un peu plus tes propos…

« Tu as eu un passé injuste, et tu as mûri avec ce fardeau. Ta vision et tes actes, en ont été affectés. Ce n’est pas toi, qui es née, et a voulu être ainsi. C’est ce qu’il t’est arrivé, et ce sont ces tords passés qui sont seuls responsables de cette guerre… Imagine que tu n’aie pas rencontré cette hostilité… Tu n’aurais sans doute pas connu cette haine qui t’a tenu pendant toutes ces années… Cette guerre n’aurait pas eu lieu… »


Tu te lèves, et te rapproche d’Alaska, avant de lui sourire, étirant légèrement tes babines dans une mimique un peu triste.

« Ce n’est pas ta faute ».

« Alaska… Tu vois tes crimes comme une cause de ton tourment… Je les verrais plutôt comme une conséquence. Tu as eu un passé injuste, et tu as mûri avec ce fardeau. Ta vision et tes actes, en ont été affectés. Ce n’est pas toi, qui es née, et a voulu être ainsi. C’est ce qu’il t’est arrivé, et ce sont ces tords passés qui sont seuls responsables de cette guerre… Imagine que tu n’aie pas rencontré cette hostilité… Tu n’aurais sans doute pas connu cette haine qui t’a tenu pendant toutes ces années… Cette guerre n’aurait pas eu lieu…Ce n’est pas ta faute.»

Passé injuste ? Sans doute. Sans nul doute. Mais ai-je eu le choix ? Non. Sans même que j'ai fais une bêtise, et à cause de mes seules origines, un père arrogant et brutal, ma vie à été ruinée. Oui, au fond, il en est le responsable. C'est à cause de lui que nous avons été chassé. A cause de lui que ma mère est morte. A cause de lui que j'ai perdue ma joie de vivre. A cause de lui que je n'ai pas eu d'enfance. Une larme ruissèle. Puis une autre. Elles gouttent le long de mon museau, et viennent s'écraser sur l'herbe. Ma voix est brisée quand je murmure, les yeux plongés dans ceux de Kinhan :

« Pourquoi ? »

Oui, pourquoi Moi ? Qu'ai-je fait de si mauvais ? Rien, je n'avais rien fait. Son regard Améthyste me réconforte. Il ressemble tant à celui de Myosotis. J'en suis heureuse. J'aime Whitefang plus que quiconque, mais Kinhan à cette sagesse, cette manière de penser que personne d'autre n'a. Il comprendrait, si je lui disais ce que je compte faire. Que je compte m'en aller. Je crois qu'il comprendrait.

« Peut-être que tout cela n'a plus d'importance. Comme tout le reste. Je n'attends plus que mon heure. Elle arrivera bientôt, je le sais. »

Tu trembles. Le regard peu assuré, tes mots tremblent. Tu as peur. Peur  pour Alaska. Peur pour ce qu’elle pourrait faire. Tu as peur qu’elle se mette en danger. Non, la belle louve blanche n’est pas comme cela. Elle a toujours été forte. Jamais elle ne se laisserait abattre par le destin. C’était une Alpha, que diable ! Elle avait l’étoffe de diriger une meute entière, et celle des shadows qui plus est, pendant toutes ces lunes, toutes ces années ! Elle avait eu le cran de les mener sur les champs de batailles, certes, mais quel autre loup pourrait se vanter d’avoir pu mener une meute entière d’une telle manière, si impétueuse et convaincante ?

Tu sais qu’elle est forte. Et là, tu la vois pleurer. Tu ne sais pas quoi faire. Elle plante ses yeux bleus océan dans les tiens. Tu soutiens son regard si profond, mais au fond de toi, tu luttes pour ne pas détourner les yeux. Pourquoi donc ? Tu n’arrives donc pas à voir cette louve pleurer, montrer une marque de faiblesse à un loup d’une autre meute, l’un de ses adversaires de combat qui plus est ? Pourquoi ne le supportes-tu pas, Kinhàn ?
« Pourquoi ? »

Comme en écho à tes pensées, la voix brisée d’Alaska avait raisonné jusqu’à tes oreilles. Tu frémis d’avantage. Cette voix si tremblante, ces larmes si nombreuses, ces yeux si brillants de tristesse… Ce n’est plus Alaska que tu vois en face de toi. Ce n’est plus que le fantôme blanc d’une louve brisée par son passé qu’elle portait comme un fardeau tout au long de sa vie. Personne n’avait pu la comprendre. Personne n’avait pu l’approcher. Elle ne voulait pas se dévoiler, car elle avait peur de paraître faible.

Tu plisses les yeux de tristesse. Tu n’aimes pas la voir dans cette état.
« Peut-être que tout cela n'a plus d'importance. Comme tout le reste. Je n'attends plus que mon heure. Elle arrivera bientôt, je le sais. »

Et cette phrase, plus que tout, achève de te couper le souffle. Tu t’effondres au sol, perdant le peu de superbe qu’il te restait. Mais qu’importe ? A ce moment-même, tu t’en fiches de savoir si tu as l’air fier ou idiot. Tu veux juste essayer de comprendre ce que venait de dire Alaska. Tu avais peur.
De nouveau, cette peur aiguë qui t’enserrait le ventre, te coupant tout envie, sinon celle de vivre. Et encore. Tu avait envie de défendre ces valeurs qui faisait qu’une vie était si précieuse. Mais Alaska savait tout ça. Pourquoi s’encombrer avec des mots, lors d’un moment si important ? Alaska avait un problème à réglé avec son passé… Et c’était certainement avec son passé, ce même passé qui la tiraillé pendant tant de lunes, qu’elle allait en finir.

- Sharka…
tu souffles sans un bruit.

Tu observes un long silence, dans lequel tu n’entends que ta respiration sifflante, ton pouls démesuré par les conséquences des décisions d’Alaska, et la voix tremblante de l’Apha qui raisonne encore comme un echo fantomatique.

- Tu vas… provoquer Sharka en duel…. Et… Tu pars déjà dans l’idée… d’une défaite…


Tu sanglotes à ton tour. Ce duel implique la mort de l’une des deux louves. Celle que tu aimais comme un fou, à en mourir, et celle que tu semblais connaître depuis toujours, louve torturée qui s’ouvrait enfin à quelqu’un. Résigné, et sachant pertinemment que toute tentative de dissuasion serait inefficace devant la nouvelle détermination, farouche, d’Alaska, tu soupires.

- Soit. Je ne peux t’empêcher d’aller vers ton destin.


Tu couvres la louve blanche de ton regard bienveillant. Tu es triste. Tu as peur. L’une des deux louves qu’il apprécie tant va bientôt se retirer des terres du Kô. Et tu sais que c’est dans l’ordre des choses. Le Kô te hurle si fort de laisser Alaska faire ce qu’elle a en tête, que, blasé et soumis à la magie des montagnes, tu ne peux t’y opposer.
Pourtant, qu’est-ce que tu aimerais…

Il s'effondre au sol. Qu'a t-il donc ? Je suis une ennemie pour lui, comme il devrait l'être pour Moi. Mais aujourd'hui, plus rien n'importe. Ni nos Meutes respectives, ni nos rangs, ni même nos êtres. Juste nos paroles. Rien de plus. Je regrette de n'avoir pus connaître plus ce loup. Kinhan. Il a les yeux de Myosotis. Pendant longtemps, j'ai douté de Myosotis pour cela, mais maintenant je suis fière. Fière qu'elle ait ses yeux. Parce que c'est un loup brave. Autant que n'importe quel Shadows. Peut-être ai-je eu tort tort toutes ces années. Peut-être que les Winds ne sont pas si différents de nous. Peut-être qu'au fond, nous sommes tous semblables. Mais c'est trop tard désormais.

- Sharka… Tu vas… provoquer Sharka en duel…. Et… Tu pars déjà dans l’idée… d’une défaite… Tu vas… provoquer Sharka en duel…. Et… Tu pars déjà dans l’idée… d’une défaite…Soit. Je ne peux t’empêcher d’aller vers ton destin.

Je ferme les yeux un instant. Il a raison. Au fond de Moi, je sais que je ne gagnerais pas. Sharka est aussi puissante que Moi, mais elle tient à la vie. Pas moi. J'ai déjà trop tardé sur ces Terres. Il ne pourra m'en empêcher. Personne ne le pourra. Pas même Whitefang. J'attends depuis longtemps. Trop longtemps. Je veux retrouver Nebraska. Je veux retrouver Sidka. Je veux retrouver ma Famille, et veiller sur celle qui restera ici. J'ai changé. Je m'en rend compte. Et je crois que je suis contente de ce changement. Peut-être que Kinhan parlera. Peut-être que quelques loups garderont de moi un souvenir autre que craintif ou dégoûté. Peut-être que quelques uns penseront à Moi plus tard. Jenny. Kinhan. Et d'autres. Alors, je regarde Kinhan, sans rien dire. Mon regard dit tout ce qu'il y aurait à exprimer. Puis, je lève la tête. Mon poitrail vibre du hurlement que je fait retentir. Il résonne. Il est puissant. Puissant et fort. Mais pas triste. Peut-être Kinhan se joindra t-il à moi. Et ainsi, nous hurlerons nos âmes blessés.

(Fin pour Moi.)

Elle n’ajouta rien. Son regard parlait pour Elle.
Alaska ne tenait plus à la vie. A quoi bon vouloir la garder vivante à tout prix ? Si elle ne voulait plus de cette vie sur terre, soit, c’était son choix. Tu savais qu’elle n’était pas du genre suicidaire, ou dépressive. Elle savait qu’elle avait fait son temps ici. C’était triste à dire, horrible à réaliser, mais tu ne feras rien pour l’en empêcher. Au fond de toi, c’était comme si le Kô lui même lui soufflait de ne rien faire, de laisser couler. Que c’était ainsi que devaient se passer les choses, que c’était inscrit dans l’Ordre, et que le Destin lui-même venait s’emmêler.

Tu savais tout ça, tu le ressentais sans pouvoir l’expliquer, ou mettre le moindre mot dessus. C’était dans l’Ordre des Choses, point. Il n’y avait rien à faire. Tu ne voyais pas la mort comme quelque chose de triste, mais comme le passage à autre chose. Peut-être y avait-il quelque chose après cette étape si importante de la vie. Peut-être qu’Alaska continuerait à veiller sur eux après tout. Tu eus la sagesse de ne rien rajouter, comme si la moindre parole allait briser ce beau silence. Les mots étaient superflus, tu n’en avais pas besoin, pas plus Alaska en avait besoin.

Un simple regard, et tout ce qu’elle pensait te fut transmis. Tout ce que tu avais besoin de savoir sur son état d’âme, elle venait de te l’apprendre. Et tu su que tu avais raison de ne pas t’opposer. Alaska était une grande louve, quelqu’un de formidable et d’inoubliable, mais s’opposer à ses plans ne servait à rien. Cette louve allait te manquer, et tu regrettas de ne pas avoir pu la connaître d’avantage.

L’immense et impétueuse louve blanche se redressa alors, et leva son museau vers le ciel, avant d’hurler. Tu demeure quelques minutes ainsi, sans rien dire, ne faisant qu’écouter ce chant si puissant et unique, comme pour te l’imprimer à jamais dans ta mémoire. Puis, tu t’avances à côté d’elle, et, joignant ton chant au sien, tu laisses ta peur de l’avenir s’envoler aussi haut que les notes d’Alaska, au delà des Etoiles. Deux loups libres, épris de liberté. Deux loups tristes, manipulé par les aléas du hasard. Deux loups que le Destin a brisé.


C'est bon pour moi aussi <3