Bonjour. Je suis .... Sullen. Sullen, oui c'est ça. J'avais un frère, à l'époque, un grand frère dont je ne me souvenais que de son idiotie. Un idiot, oui. Il avait été complètement idiot. Né idiot, mort idiot. Mais moi, je ne l'étais plus. Cette histoire m'avait entièrement transformé. Aujourd'hui, j'ai vingt-et-une lunes. J'ai réintégrer une meute, MA meute. Je l'aime plus que ma propre vie. Toute mon existence est dédiée à une même personne : Sharka. Sharka, alpha des Fires, Sharka, seule louve qui m'avait accueilli à bras ouvert. Quelques fois, j'ai des saute d'humeur. Je pète littéralement des câbles, je deviens celui que je ne suis pas. Un grand sadique. A ce moment là, je ne me contrôle plus, alors ... Gare à vos fesses, je ne veux pas faire le mal, mais ... Je ne peux plus me retenir. Malgré ça, à présent je suis heureux. Plus que je ne l'ai jamais été. Mais nul n'est au courant, car mon travail m'oblige à ne plus rien ressentir. Je suis un néant vivant. Nul pitié. Nul haine. Juste du vide. Je me demande encore si quelqu'un arrivera à me réparer.

✿"Protecteur de Sharka".
✿"Je devais vivre, tel un soldat de plomb, dans le seul but de protéger ma reine, Sharka. Ma reine à laquelle j'avais dédié ma vie, ma reine à laquelle je dédierais ma mort."
✿"Je tuerai mes amis pour ma mission."
✿"Mon frère n'était rien de plus qu'un idiot qui donna sa vie pour un traître."

Il y a vingt-et-un lunes, un vendredi 17, je naissais. Maman était tout près de moi, à me murmurer des mots doux, je pouvais humer son odeur, mais le noir persistait. Je ne voyait pas, minuscule boule de poils que j'étais alors. Je sus quelques instants plus tard que mon père était un beau loup gris, sublime. Mais je trouvais maman bizarre. J'étais le premier de la portée. Mais ... je n'avais pas d'autres frères et soeurs qui naissaient à leur tour ! Je commençais à renifler ma mère, qui lâcha un très long soupir, puis elle se tut. -Maman ? Lui demandais-je. Et père ne disait mot. Je commençai à m'agiter, moi, dans le silence de ma naissance, mais personne ne me réchauffait plus, je me sentais très seul. Soudainement, une voix légère, très jeune, me murmura : -Petit Frère, ne ...reste pas là. J'avais donc un frère. Mais ... Ces sanglots que j'entendais ... Oui, en effet il pleurait. Je n'avait alors aucune idée de pourquoi. Je n'entendis plus ma mère, je ne la sentis plus. Mon frère me portait. -Pourquoi ils me répondaient plus, grand frère ? Ses sanglots continuaient, et d'une voix tremblotante, il me répondit : -Ils dorment, ils sont très fatigués.

Quand je sentis une nouvelle fois le sol sous mon corps, il était si dur et si froid que je me mis à trembler. -Oh, grand frère, que j'ai froid, et que j'ai faim. Je le sentis me pousser dans un coin, avant de s'éloigner. Pourquoi, si tôt, je me retrouvais tout seul. Les minutes passaient, mon petit corps frigorifié se refroidissant à chaque seconde. J'avais froid. Tellement froid que je ne sentais plus mes pattes. Quand soudain, je reconnu la voix aiguë de mon frère. Il lui expliquait un truc qui ne me parvint pas. Mais j'entendis la réponse d'une louve : -Tu as bien réagi, Kaö. Je vais le nourrir, j'ai moi-même du lait. Alors mon frère se nommait ... Kaö ... J'avais beau l'imaginer, je n'arrivais pas à voir comment il pouvait être, comment moi je pouvais être. A ce moment là, je m'imaginais, à cinq pattes et deux queues, laid comme un poux. Une grimace peupla mon visage. Ce n'était pas possible, je pouvais compter mes pattes, et ma queue. J'étais normal. Une chaleur vint me réchauffer quand je sentis devant moi, une mamelle. Elle puait, ce n'était pas maman. Maman, elle, elle sentait très bon. Mais celle-ci avait déjà été utilisée il y a peu, mais j'arrivais à extraire un peu de lait de ma nourrice. -C'est bien, Sullen. Mon nom est Inder, je suis ta tante. Je te nourris aujourd'hui car ta maman dort, et il ne faut pas la déranger. La voix rassurante de la louve me berça, et doucement, je sombrais dans un long sommeil.

Cette fois là, je dormis un jour entier. A mon réveil, une mamelle m'attendait. Je ne me fit pas prier, tétant goulument le bon lait, avant de me rendormir à nouveau. Je ne fis que dormir pendant deux bonnes semaines, ne me réveillant plus que pour manger. Je ne vis plus mon frère, mais je n'avais même plus le temps de penser à lui. Mon vingtième jour. Quand je m'éveillais, j'entendais encore mon frère, enroulé autour de moi, qui roupillait doucement. Je sentais encore sur ma peau le poids de ses larmes qui avait mouiller mon pelage. Et enfin, j'avais envie d'explorer le monde. Alors, doucement, j'ouvris les yeux, et devant moi, les couleurs des ombres dansèrent, j'étais ébloui. Jamais je n'avais vu, mais c'était encore mieux quand dans mes rêves. Je tournait la tête de droite à gauche, quand derrière mon dos, je sentis remuer mon frère. Il était encore en plein rêve. Kaö était à peine âgé d'une dizaine d'années, son poils d'un brun similaire au mien. Ses grandes oreilles étaient tendues dans son sommeil, alors que sa queue reposait sur le sol froid de l'antre. Il était vraiment beau, bien qu'il soit très maigre. Et je me rendormis, fou de joie.

Une douce voix, magique, me tira lentement de mon sommeil. Il me semble que c'était ... oui, mon vingt-et-unième jour. Cette voix, donc celle de Kaö, était emplie de bonheur, de chaleur et d'amour. Il me disait de me lever, qu'il était l'heure. -Je ne veux pas, je suis fatigué ... Je l'entendis rire. -Allez mon vieux, ça fait vingt jours que tu dors, il serait temps de se bouger, non ? J'ouvris un oeil, mécontent. Il était là, son beau et fin corps brun surplombé de deux yeux gris, et d'une longue queue bien touffue, avec un sublime sourire sur le museau. Lui tirant la langue, je me mis sur mes pattes. J'étais encore très faible, mais ... Je n'allais tout de même pas me faire porter ! D'un pas de sénateur, donc, je me mis en route vers l'immense et lumineuse entrée de la grotte. La lumière m'aveuglait, je souriais. J'allais enfin voir le grand jour ! Et devant mes yeux apparurent arbres et montagnes, ombres et lumières, loups et louves ... Tous les passants me regardèrent d'un air désolé, se chuchotant des mots bas, mais je n'en avais cure. A ce moment là, rien ne pouvait détruire, ou même déranger ce bonheur. Les passants étaient sans doute trop agaçant au goût de mon frère qui ne cessait de lancer des regards menaçants à ceux qui osaient parler dans mon dos. Après il m'indiqua de le suivre, et d'un pas un peu déséquilibré, je grimpais sur un monticule, où j’aperçus l'entrée d'une grotte vraiment très très grande.

Une grande cavité qui faisait sans doute office d'antre, entièrement faîtes d'une pierre froide, s'étendait devant nous. Au centre, une grande paillasse était dressée, et était couché dessus un grand loup, gris, une grande balafre rayant son museau, son œil gauche perdu dans le néant. Il m'observait avec attention, d'un air sévère. -Bienvenu à toi, petit. A mes côtés, Kaö s'agenouilla, mais voyant mon regard interrogateur, il me fit signe de faire de même. -Petit, je me nomme Ikaï. Je suis ton alpha, ton chef de meute. Tu dois m'appeler Maître. D'accord ? Je hochais la tête. Il était mon alpha ? Très bien. Mais à mes côtés, je voyais mon frère qui serait les dents. Je me demandais pourquoi quand il me dis soudain de m'approcher. Je le regardais, puis mon frère, et alors je vis les larmes couler contre ses joues. Pourquoi pleurait-il ? J'avançai d'un pas, puis de deux, et enfin je me retrouvai à la hauteur de Ikaï. Il me fit un beau sourire, je le lui rendis timidement. Alors il posa sa patte sur mon poitrail. Il me sourit une fois de plus. J'avais si peur ... Qu'allait-il me faire ..? Pourquoi ? Une fulgurante douleur anéantit toutes mes pensées. Hurlant, gémissant, me tordant de douleur, je ne pouvais plus rien entendre ni voir tant j'avais mal. Je voyais noir, de mes yeux coulaient des larmes, et j'avais chaud, si chaud que je pensais qu'il venait de me brûler, de m'arracher la vie.