La lune était haute dans le ciel. Les étoiles brillaient de milles feux, tels des paillettes d'argent éclairées des reflets lunaires que l'on aurait secoué dans le ciel. Jenny n'avait pas vu la journée passer, et s'était rapidement retrouvée à errer dans la forêt en pleine nuit. Cela ne lui faisait pas peur, elle avait l'habitude de courir de nuit, et elle adorait ça. Ce qui ne la rassurait pas, c'était d'être en territoire neutre. Elle était sur un territoire se trouant à proximité du camp des shadows, et elle n'aimait pas ça. La belle brune décida alors de voir où le hasard la mènerait, et se mit à courir, slalomant entre les arbres. Les troncs des sapins défilaient sous ses yeux à une vitesse vertigineuse, elle filait tel le vent. De la forêt, elle passa à la plaine. Les herbes et les fleurs composant cette dernière étaient secouées d'une douce brise, qui agitait également élégamment les poils de la fourrure de la gardienne. Ne s'arrêtant pas dans sa course, Jenny maintenu sa vitesse. Elle ne savait pas quoi, mais quelque chose l'attirait. Elle était comme appelée par l'horizon. Elle savait que les territoires du Kô n'étaient pas infinis, cependant elle continuait. Elle voulait arriver à cette destination, à ce lieux qui l'avait tirée de ses occupations pour la faire venir jusqu'à lui. Haletant, elle continuait, toujours à cette même cadence affolante qui l'épuisait un peu plus à chaque minute qui passait. Elle longeait désormais le flanc d'une montagne et courrait à vive allure à coté d'une immense rivière coulant dans la vallée où elle se trouvait. Alors qu'elle courrait, elle comprit. Elle se dirigeait vers le Paradis Printanier. Les imposantes chutes protégeant ce lieu se dressaient devant-elle, et Jenny eut un sourire de satisfaction. Elle se rapprochait, elle le sentait. Un sourire sur ses babines, elle accéléra. L'euphorie qu'elle éprouvait la stimulait et lui faisait oublier sa fatigue. En quelques minutes, elle fut devant le rideau d'eau. Le problème qui restait irrésolu était la manière dont elle pouvait traverser cette chute. Décidant de suivre son instinct, Jenny s'élança sur une pierre, juste devant le rideaux d'eau. La brunette manqua de glisser cependant elle se rattrapa, se stabilisant à nouveau. Se concentrant, elle bondit au travers de la cascade pour atterrir tant bien que mal de l'autre coté, à l'entrée du tunnel de pierre. Se secouant, elle reprit sa course, certaine que son but était tout près. Jenny traversa la mer de fougère, puis la forêt aux conifères. Elle avait tout de même courut toute la nuit. Mais elle était fière d'elle, elle approchait de son but, elle le savait.

L'aube commençait à montrer le bout de son nez, et Jenny ralentissait, se mettant à trottiner. Elle était exténuée, mais elle continuait sa route. Et sa persévérance finit par payer, puisqu'elle déboucha sur le Cerisier Éternel. A peine eut-elle aperçut le superbe arbre que sa fatigue sembla s'envoler. Mieux encore, Jenny ressentait sa magie en elle. Elle sentait son pouvoir affluer dans son sang, parcourir les veines de son cœur et être propulsé par les battement de ce dernier dans son corps tout entier. C'était incroyable comme sensation. Un large sourire de satisfaction et de bien-être étira les babines de la belle, qui s'approcha lentement du grand arbre sacré. Sa démarche était calme, et emplie d'un profond respect, comme si elle s'avançait devant quelque chose de divin. Lorsqu'elle fut au pied du superbe arbre les pétales de ce dernier se détachèrent un à un, et vinrent tourbillonner autour de Jenny. Observant le balais d'un regard émerveillée, elle fut d'autant plus surprise lorsqu'elle vit les pétales revenir à leur place, sur le cœur de leur fleur, comme si rien ne s'était jamais passé. Les premiers rayons du soleil vinrent magnifiquement éclairer la scène. Jenny resplendissait dans ce cadre lumineux. Son regard brillant d'émerveillement, Jenny contemplait ce spectacle splendide. Le paradis printanier s'éveillait sous les premiers rayons de cette toute nouvelle journée. Baillant légèrement, la brune se coucha sur le flanc et ferma ses jolis yeux bruns. L'arbre avait beau avoir ôté la fatigue de son corps, elle avait toujours sommeil. Ce dernier gagna d'ailleurs bien rapidement ses paupières, et Jenny s'endormit. A son réveil, les oiseaux chantaient, le petit matin venait de s'installer. Elle avait du dormir deux heures, ni plus ni moins. La gardienne ne put s'empêcher de contempler la splendeur des paysages du paradis printanier, resplendissant sous les rayons matinaux. Soudain, un bruissement lui parvint. Elle huma l'air un peu anxieuse mais fut bien rapidement débarrassée de ses craintes, car le loup qui se trouvait derrière elle n'était en rien une menace pour elle, bien au contraire. Sans se retourner, Jenny lui adressa une plaisanterie d'un ton taquin accompagné d'un rire léger où l'on pouvait sentir son bien-être :

" On a le chic pour toujours se retrouver au même endroit au même moment dis-moi. "

- Eh oui, j'ai un don pour ça ! Et tu sais, tu ronfles ! »

Couchant ses jolies oreilles duveteuses d'où sa couche de poil hivernale n'était pas encore partie, Jenny se mit à rougir. Elle eut un petit rire nerveux avant que le silence ne se réinstalle de nouveau. Durant le long moment où aucune paroles ne furent échangées, Jenny contempla les pétales des fleurs du majestueux cerisier donnant son nom à l'endroit où les deux amis se trouvaient. Alors qu'elle était en train de rabaisser son regard vers le sol, elle surprit, sur le coté, un regard admiratif de son compagnon, qui semblait la contempler alors qu'elle même admirait la vue. A peine eut-elle croisé le regard de Fallen que la jeune louve brune plaquait déjà ses oreilles en arrières, son museau se mettant de nouveau à rougir furieusement. Détournant le regard, elle tenta de maîtriser le feu gagnant ses pommettes. En vain, bien évidemment. En quelques instants, elle était devenue aussi rouge que le champ de coquelicot s'étala à perte de vue sous leurs yeux, dans la vallée du Paradis Printanier. Gênée de la représentation on-ne-peut-plus voyante de sa timidité, Jenny enfoui son museau sous ses pattes, comme une louvette l'aurait fait. Il n'y avait pas à dire, elle avait beau avoir plus de deux ans elle était encore une enfant. Plus de deux ans... Soudainement, son museau devint encore plus rouge vif qu'auparavant. Plus rouge que les coquelicots, Jenny ne pensait pas que c'était possible. Alors qu'elle venait à peine de ressortir son museau, dont les teintes roses vif semblaient s'être atténuées, de l'abri qu'elle avait formé avec ses pattes, que déjà louve brune enfouissait derechef sa truffe sous ses membres, dans un petit couinement gêné qui sembla amuser son compagnon. La raison de tout cela ? Elle avait pensé à la chose qu'elle n'aurait jamais du évoquer en son esprit dans un moment pareil. Elle avait en premier lieu réfléchis à l'âge auquel sa mère avait eu sa portée, et s'était souvenue que c'était effectivement à ses 32 lunes. Elle s'était ensuite fait la réflexion que ses 32 lunes personnelles approchaient à grand pas. Et soudainement, sans aucune raison apparente, elle s'était demandée intérieurement

" Je me demande à quoi ressembleraient mes petits... Mais pour l'imaginer, il faudrait déjà que je sache qui en serait le père.. Hum.. Noir et brun, leur fourrure serait automatiquement foncée, dé.. NOIR. ? FALLEN ? "

A l'extérieur, Jenny avait simplement l'air gênée, tandis qu'à l'intérieur c'était la folie totale. Mais peu importait, car toute cette effervescence dans son esprit montrait à quel point la gardienne était épanouie. Jamais elle n'avait fait preuve d'une telle folie, même intérieure, auparavant.

Auparavant.. C'était dire avant qu'elle ne se rapproche de Fallen. Son regard brun, autrefois pétillant de gène et de timidité, se mit à briller d'émotion. Pas une émotion comme celles que l'on éprouve devant une scène touchante, non, une émotion tout autre. Le bonheur. Le bonheur d'avoir un loup comme Fallen à ses cotés, qui lui permettait de respirer la joie de vivre, de se transformer en véritable soleil ambulant. Alors qu'elle était en train de réaliser la chance qu'elle avait, et tous les merveilleux sentiments qu'elle éprouvait grâce au loup noir, quelque chose de splendide arriva. En effet, le cerisier éternel était connu pour stimuler l'influence du Kô sur les pouvoirs de chaque loup se trouvant au sein des territoires printaniers. Cependant, les loups se trouvant extrêmement proche du cerisier voyaient leur pouvoir devenir surpuissants, tant l'arbre sacré était imprégné de l'essence du Kô. Certainement stimulé par ses émotions, le pouvoir de Jenny s'activa. Alors commença un fantastique ballet lumineux. Chaque poil de la fourrure de Jenny se mit à luire tel une étoile miniature. Pas un n'échappa à cette transformation subite. En quelques instants, Jenny s'était transformé en un véritable soleil. Seuls ses yeux bruns ressortaient, dans cette illumination la plus totale de son corps. Jenny se releva, s'observant et se décryptant de la tête aux pattes. Elle était si brillante que l'on ne distinguait que son corps, ses poils étaient si lumineux que leurs contours avaient totalement disparus. Elle était comme divine, dans cette enveloppe de lumière. Pour compléter la scène, les pétales du cerisier se détachèrent à nouveau, et ré-opérèrent l'action qu'ils avaient faite dès l'instant où Jenny s'était rapprochée du superbe arbre. Se détachant un à un, chaque pétale vint tourbillonner autour de Jenny, désormais debout face à Fallen, se décryptant toujours d'un air émerveillé. Elle était comme prise dans un siphon d'air et de pétales, et ça n'en rendait la scène que plus belle et merveilleuse. En s'activant, son pouvoir avait fusionné avec les propriétés du soleil, d'où son éclat aveuglant. Soudainement, Jenny commença à être soulevée du sol. Elle s'élevait dans le ciel majestueusement. Certes, elle n'était pas rassurée, mais elle faisait confiance à son pouvoir. Et elle avait raison de le faire. Son pouvoir ne la suréleva pas bien loin, se contentant de l'amener dans l'axe du soleil. Son éclat doublait ainsi de puissance. Elle était splendide, illuminée ainsi. La scène dura quelques minutes, puis Jenny redescendit peu à peu jusqu'à ce que ses pattes touchent à nouveau le sol. Son éclat s'éteignit lentement, et les pétales revinrent à leur position initiale.

Souriant, Jenny plongea son doux regard dans celui de Fallen, son museau rougissant derechef. Elle aimait son pouvoir, et elle le trouvait si extra-ordinaire qu'elle s'en émerveillait elle même. Brisant le silence qui la gênait beaucoup, elle lança la première question qui lui vint à l'esprit, ne sachant pas à quel point elle allait le regretter l'instant suivant.

Lorsqu'elle réalisa la question qu'elle venait de poser, elle s'incendia mentalement. Elle avait encore évoqué le sujet qu'il fallait mieux éviter si elle ne voulait pas finir aussi rouge que la plus rouge des fraises. Bon , et bien tant pis, c'était fait.. Abaissant son joli museau, elle rougit intensément, baissant son regard vers le sol, on ne peut plus gênée. Elle avait le don pour poser les questions qu'il ne fallait pas poser, du moins c'était ce qu'elle croyait.

« J'en aimerais beaucoup ! Enfin, trois ou quatre ! »

Le loup noir souriait de manière angélique, ce qui eut le mérite de détendre Jenny, qui se mit à rire. Elle aussi, elle en voulait beaucoup, des louveteaux. Pour une fois, la louve brune ne s'incendia pas mentalement lorsqu'elle se surpris elle même à s'imaginer mère, aux cotés de Fallen. Cette idée lui tira plutôt un sourire attendri, qu'elle effaça l'instant d'après, se mettant à rire en imaginant Fallen assailli par une armée de petits monstres le mordillant et le harcelant pour qu'il joue avec eux. Une fois son fou-rire terminé, la jolie brunette taquina son ami, lui lançant :

Jenny s'arrêta brusquement, ravalant sa salive à toute vitesse. Cette fois-ci, le rouge ne tarda pas à gagner son museau. Elle avait commencé à dire " Nos " , et le mot qui suivait était " petits ". Toujours aussi rouge, elle se mit à rire nerveusement, reprenant :

Malicieusement, Jenny se redressa et passa au dessus de son compagnon de jeux, se laissant entrainée par son caractère enfantin. Elle grimpa sur le dos de son ami, commençant à lui mordiller l'oreille tout en commentant " Comme cha. " Pas facile de parler avec une oreille entre les crocs. Tout en riant, elle redescendit à terre, et l'instant d'après bondit de nouveau sur Fallen. Cependant elle n'avait pas prévu qu'ils rouleraient le long de la colline où trônait le cerisier éternel. Cependant c'est ce qui arriva. Les deux compagnons de jeux dégringolèrent ensemble la colline, atterrissant finalement dans un champ de coquelicot. Jenny se retrouva allongée sur le dos, avec Fallen au dessus d'elle, et une fleur de coquelicot tombant sur son front. Cette fois-ci, rien ne put empêcher son museau de rougir, et elle devint en un instant plus rouge que la fleur sur son front. Souriant, toute gênée, elle balbutia :