Jenny s'était levée à l'aube aujourd'hui. La journée s'annonçait chaude et la gardienne ne voulait pas avoir à inspecter les frontières lorsque le soleil serait à son zénith. Le printemps tendait à se terminer, et l'été commençait lentement à imposer ses températures de plus en plus chaudes. La louve brune avait presque fini son inspection des territoires. Elle n'avait rien remarqué au sapin millénaire, ni au ravin sans fond. Le ruisseau poissonneux ne montrait rien d'inhabituel non plus. Il ne lui restait désormais qu'à explorer la plaine sableuse et les chutes argentées pour en avoir terminé avec son travail de surveillance des frontières. Lorsqu'elle aurait terminé, elle retournerait se poster à l'une des cinq frontières du territoires et y resterait la journée afin de scruter l'horizon et de contrôler les entrées et sorties. En cet instant, Jenny courrait à vive allure dans la plaine sableuse, son museau en pleine action. Les trois sens dont elle avait absolument besoin pour surveiller les territoires étaient en alerte. Son ouïe s'était affutée, cherchant le moindre bruit suspect. Sa vue scrutait ses alentours, alors que la louve brune courrait à en perdre haleine. Enfin, son odorat était bien plus qu'actif. Chaque seconde, il découvrait une odeur différente, écartant celles de la nature, analysant celles qui paraissaient suspectes. Pour le moment rien n'était à signaler. Les odeurs les plus récurrentes étaient celles des coyotes et des chacals, qui ne représentaient pas une menace pour la meute. Le vent s'engouffrait dans le pelage de Jenny, qui courrait à une vitesse impressionnante. Elle sentait sous ses coussinets le sable déjà chaud, alors que le soleil ne faisait que se lever. Soudain, elle sentit une odeur suspecte, qu'elle identifia immédiatement. C'était une odeur canine, mais pas un chacal ou un renard, elle appartenait à un lupin. Un loup, ne portant visiblement aucune odeur, aucune marque d'appartenance à une quelconque meute, venait de commettre l'erreur de s'introduire sur leurs terres.

Se concentrant sur l'origine de l'odeur, Jenny repéra immédiatement une seconde senteur. Ils étaient donc deux, deux mâles, certainement deux frères solitaires, ou envoyés par une meute non originaire des terres du Kô. Grognant furieusement, Jenny accéléra, sur la piste de ces deux intrus. S'ils ne savaient pas que ces territoires appartenaient à une meute, elle les laisserait partir sans faire d'histoire, mais s'ils étaient entrés de leurs plein grès, ils allaient le regretter. Sur le coup, Jenny n'avait absolument pas réfléchis. A une contre deux mâles, elle n'avait aucune chance. Cependant elle filait tout droit, pistant les deux inconnus, sans réfléchir une seule seconde aux conséquences de ses actes. Elle n'allait pas tarder à les rattraper lorsqu'elle sentit une troisième odeur, toujours un mâle. Bon sang combien étaient-ils ? Se focalisant sur cette nouvelle odeur, elle fut vite rassurée. C'était un des siens, c'était un Fire. Elle reconnut rapidement l'odeur de Touga. C'était parfait, elle allait avoir besoin d'aide, et l'imposant mâle serait le bienvenu ! Ne s'arrêtant pas pour autant, Jenny continua de filer tel le vent, poursuivant les intrus. L'odeur était de plus en plus fraîche, elle se rapprochait, elle le sentait. Peut-être les deux loups venaient-ils d'une contrée voisine de celle du Kô ? Avec les oiseaux, la bataille avait du s'ébruiter, et des meutes d'autres territoires avaient dut voir cette période de soins pour tous les blessés de la guerre comme une opportunité de s'emparer des territoires. Mais ils allaient être bien surpris, et très désagréablement d'ailleurs. Jenny avait repris du poil de la bête, depuis la bataille, elle était devenue plus forte, et ses blessures cicatrisées n'étaient plus que la preuve de sa résistance, et le souvenir d'Alaska.